Les déserts médicaux sont bien souvent abordés sous l’angle de l’accès aux médecins généralistes, et pourtant, ils n’épargnent pas la médecine spécialisée. Bien au contraire. Le premier ministre, Gabriel Attal, s’est saisi du sujet le 6 avril, en promettant d’expérimenter un accès direct, sans passer par le médecin traitant, dans treize départements. Un par région. Une mesure surprise, qui suscite de fortes réticences.

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Il a également mis en avant un « bonus » pour les médecins qui accepteront « d’aller faire une garde un peu plus loin que leur périmètre habituel ». Sans convaincre les intéressés, en pleine renégociation avec l’Assurance-maladie de la convention médicale fixant leurs tarifs et conditions d’exercice. Depuis le 4 avril, ces pourparlers sont à l’arrêt, plusieurs syndicats représentatifs, en premier lieu chez les spécialistes, ayant suspendu leur participation.

Toute contrainte à l’installation – chiffon rouge chez les libéraux – étant écartée jusqu’ici, la plupart des solutions pour améliorer l’accès aux spécialistes passent pourtant par cette convention. Les leviers pour « gagner du temps médical » sont connus, qu’il s’agisse du renfort dans les cabinets d’assistants médicaux ou d’infirmiers en pratique avancée, de s’appuyer sur les outils de téléconsultation et de télé-expertise, ou encore de favoriser la « délégation de tâches », selon l’expression consacrée, entre médecins et professionnels paramédicaux… Ce chantier-là est largement avancé.

« Aucun état des lieux »

Deux autres leviers importants, défendus depuis des années par les syndicats de spécialistes, tardent, eux, à se déployer sur le terrain. C’est le cas des équipes de soins spécialisées, qui doivent réunir des spécialistes d’une même discipline ou d’une même pathologie, afin d’organiser les parcours de soins sur un bassin de vie. Il en existe quelques-unes, en dermatologie en Ile-de-France, en cardiologie à Nîmes, ou en neurologie à Carpentras (Vaucluse).

Second levier : les consultations dites « avancées », soit ces médecins qui vont voir des patients à 50 km voire 100 km de leur cabinet habituel une fois par semaine pour certains, une fois par mois pour d’autres. Ce type de fonctionnement existe autour de Reims, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ou dans le Pays basque. Sans qu’il n’existe « aucun état des lieux » de ces dispositifs, relevant d’initiatives locales et individuelles, regrette Patrick Gasser, président du syndicat Avenir Spé-Le Bloc. Ni de soutien financier pérenne, déplore-t-il.

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