Sur un chantier de réhabilitation thermique par l’extérieur, laissé à l’abandon par le façadier, à Beauvais, le 20 février 2024.

Il n’est plus temps, désormais, de ne s’occuper que de la réduction de la consommation énergétique des logements et des émissions de gaz à effet de serre. Cette poursuite de l’efficacité énergétique par la rénovation des logements, pour aboutir à un parc de bâtiments basse consommation, a mobilisé l’Etat depuis le mitan des années 2000, mais elle n’est plus suffisante, souligne la Cour des comptes dans son rapport annuel 2024 rendu public mardi 12 mars, consacré à l’adaptation au changement climatique. Les politiques publiques doivent faire également de l’adaptation des logements aux conséquences du changement climatique une priorité.

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Premier constat de l’institution financière : la rénovation énergétique ne permet pas d’adapter les logements au changement climatique. Les aides publiques ne répondent pas aux risques croissants que constituent les pics de chaleur, les inondations ou les phénomènes de retrait-gonflement des sols argileux. Dans leur rapport, les magistrats financiers rappellent que, avec 3,1 milliards d’euros de dépenses en 2022, MaPrimeRénov’, première aide publique pour la rénovation énergétique, vise prioritairement à améliorer le confort d’hiver. Conformément à l’objectif d’atténuation du réchauffement climatique, les trois quarts des dossiers subventionnés par MaPrimeRénov’ont concerné le changement de mode de chauffage. Certes, les rénovations globales, qui permettent de traiter l’ensemble de l’habitat, y compris la ventilation et l’isolation des logements, contribuent davantage à leur adaptation au changement climatique, mais elles ne représentent que 3 % des surfaces rénovées.

Après plusieurs étés caniculaires, une prise de conscience est en cours, comme en témoigne l’initiative de la Ville de Paris d’organiser en 2023 des exercices de crise, pour faire face à des pics de chaleur à 50 °C. Le ministère de la transition écologique a décidé d’accompagner à compter de 2024 l’amélioration du confort d’été, dans le cadre des rénovations d’ampleur, « afin de lutter contre les bouilloires thermiques au même titre que les passoires ». L’installation de pompes à chaleur permettant de rafraîchir l’air, les brasseurs d’air ou les protections solaires de parois vitrées sont désormais finançables avec MaPrimeRénov’. Quant à l’inclusion de travaux d’adaptation des logements aux risques d’inondation et de phénomènes de retrait-gonflement des sols argileux dans le dispositif de soutien à la rénovation, « la question reste en revanche posée », souligne la Cour des comptes.

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