Le Centre Pompidou, dessiné par les architectes Richard Rogers, Renzo Piano et Gianfranco Franchini, à Paris, en juin 2023.

Un modèle économique difficilement soutenable. Un projet de rénovation insuffisamment piloté et dont le financement n’est pas assuré. Tels sont les deux principaux enseignements de l’audit de la Cour des comptes sur le Centre Pompidou, dévoilé le 23 avril. « A l’heure actuelle, disons-le, le Centre Pompidou n’a pas les moyens de financer par lui-même ses projets de développement et d’investissement », prévient Pierre Moscovici, président de l’institution de la rue Cambon, qui tient à envoyer un « message d’extrême vigilance » à la fois à l’établissement parisien et au ministère de la culture, qui en est la tutelle.

La publication du rapport, qui couvre la période entre 2013 et 2022, coïncide avec un moment charnière dans l’histoire du Centre Pompidou, qui doit mener de front deux grands chantiers. D’un côté la rénovation de fond en comble du bâtiment à bout de souffle de Renzo Piano et Richard Rogers, qui implique une fermeture totale pour au moins cinq ans à partir de 2025. De l’autre, la construction de l’antenne francilienne de Massy (Essonne), un nouveau lieu de réserve et d’exposition dont l’ouverture est prévue en 2026.

Deux projets, certes ambitieux, mais dont les coûts ont explosé. Celui de Massy se chiffre désormais à 254 millions d’euros, soit un surcoût de 142 millions lié à la sous-évaluation des postes de dépense et à l’inflation, signalent les magistrats de la rue Cambon. « Le projet a fortement évolué, passant d’un équipement purement technique indispensable, à une véritable antenne du Centre », précise Pierre Moscovici.

« Une impasse »

Même dérapage du côté du site historique à Paris. Au nécessaire programme de rénovation d’un coût de 358 millions d’euros s’est tardivement ajoutée l’élaboration d’un schéma directeur culturel, prévoyant une restructuration intérieure chiffrée au bas mot à 200 millions. Une somme que le Centre Pompidou doit réunir par lui-même d’ici à début 2025 au plus tard – 39 millions d’euros ont déjà été trouvés précise l’institution. « C’est une impasse en vérité », constate Pierre Moscovici.

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L’équation est, il est vrai, complexe. Les recettes en billetterie plafonnent. Avec 2,62 millions d’entrées en 2023, la fréquentation de Beaubourg n’a pas renoué avec le niveau d’avant Covid-19 ni même les résultats de 2022, contrairement à la plupart des grands musées parisiens. Le regain du tourisme ne lui a guère profité. Les visiteurs étrangers ne représentent que 35 % à 45 % de son audience, contre 70 % au Louvre, 57 % à Orsay et 65 % au musée Rodin. Malgré le redéploiement d’une partie des activités au Grand Palais dès 2025, une perte d’exploitation de 15 millions d’euros durant la période des travaux est à prévoir, précisent les magistrats.

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