Croire que Christelle Morançais (Horizons) serait en dernière minute gagnée par le remords et rangerait la tronçonneuse, c’était un peu comme croire au Père Noël. Eh bien non. Le 19 décembre, la présidente de la région Pays de la Loire a fait voter à une large majorité un budget culturel en chute de 73 %. C’est du brutal. L’indignation est telle dans le monde de l’art qu’elle empêche de regarder ailleurs.

Ainsi, comme nous l’avions pressenti dans notre chronique du 22 novembre, il n’y a pas qu’autour de la Loire que la culture est coupée en morceaux. La baisse va de 20 % à 30 % en Ile-de-France. Autour de 10 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Un peu moins en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Nouvelle-Aquitaine.

On dira que Christelle Morançais, proche d’Edouard Philippe, est plus brutale que d’autres, qu’elle n’hésite pas à dénoncer un monde culturel « shooté à la subvention », qu’elle entend devenir la meilleure élève dans la lutte contre les déficits en France – elle prévoit 100 millions d’économies sur deux ans alors que l’Etat ne lui en demande que 40. Elle est sourde au dialogue, s’assoit sur les emplois menacés. Elle fait passer Laurent Wauquiez, l’ex-président d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui a fortement amputé la culture en 2022, pour un enfant de chœur. Et puis les autres régions coupent avec compassion – pas elle –, tout en rappelant que ce désastre est de la faute de l’Etat, qui exige de lourdes économies.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Christelle Morançais, la « cost-killeuse » présidente des Pays de la Loire

Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard (ex-PS), pense que la culture redessine une vieille fracture entre la droite, qui la décime, et la gauche, qui la protège. C’est aller un peu vite. Attendons de voir ce que feront des régions qui n’ont pas encore voté leur budget, comme l’Occitanie, et puis les départements, et surtout les villes, principal financeur de la création en France.

Disons qu’à moins d’être aveugle, les signaux envoyés partout, à gauche comme à droite, montrent que la culture va rudement souffrir. En raison de la dette catastrophique du pays mais aussi d’une bascule de fond : la création est désormais vue comme une dépense et non comme un enrichissement. Moins comme un art rugueux qui apprend à vivre et plus comme un divertissement.

Il vous reste 63.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version