L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé, en juin, que la demande mondiale de pétrole atteindrait probablement son maximum avant 2030. Autrement dit, demain ou presque. Pour l’Europe, c’est la confirmation que les politiques climatiques commencent enfin à produire des effets. Pour l’Amérique de Trump, c’est au contraire le signe que l’AIE, dont le siège est à Paris, a trahi sa mission fondatrice.

Lire aussi notre article de 2024 | Article réservé à nos abonnés Pétrole : les scénarios de la discorde

Pourtant, l’AIE est prudente. Elle ne prévoit pas un pic, mais un plateau – et même un haut plateau – à 105,5 millions de barils par jour (Mb/j) à l’horizon 2030. Plusieurs dynamiques expliquent l’inflexion. Les ventes de véhicules électriques, qui dépassent déjà 20 millions par an, devraient permettre d’économiser 5,4 millions de barils de pétrole par jour. En Chine, l’expansion du TGV – trois milliards de passagers annuels, 45 000 kilomètres de lignes, soit les deux tiers du réseau mondial – détourne une partie du trafic routier et aérien. Cela, ajouté au ralentissement économique du pays, explique que la demande pétrolière chinoise en 2030 sera à peine supérieure à celle de 2024.

C’est sans doute la plus grande surprise du rapport : une stabilisation précoce de la consommation pétrolière chinoise à un niveau relativement bas (520 litres par an et par habitant contre 1 500 en France et 3 400 aux Etats-Unis). L’Arabie saoudite, qui a beaucoup investi dans le solaire, devrait être le pays dont la consommation de pétrole baissera le plus fortement.

Croissance de la pétrochimie

Ces reculs compenseront des croissances. L’Inde devrait consommer 1 Mb/j de plus d’ici à 2030, tandis que l’Afrique verra sa demande augmenter de 0,87 Mb/j. Au Brésil, l’agriculture, dépendante du diesel, explique en partie la hausse prévue. Et, surtout, la pétrochimie devrait jouer un rôle croissant : plastiques, fibres et emballages devraient représenter plus de 18 Mb/j en 2030, soit 17 % de la consommation totale. La dépendance au pétrole se déplace peu à peu de l’énergie vers les matériaux.

Il vous reste 50.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version