L’avenir des haies s’est joué en deux temps et dans deux enceintes, jeudi 30 et vendredi 31 janvier. Il en ressort un bilan contrasté. Au Sénat, une proposition de loi visant à inciter les agriculteurs à gérer durablement ces infrastructures écologiques a été adoptée à l’unanimité, témoignant d’un consensus transpartisan sur ce sujet. Mais, au même moment, la commission mixte paritaire du Parlement a rejeté un dispositif de crédit d’impôt indispensable pour renforcer la portée de ce texte. Elle a également acté une diminution drastique du budget consacré à l’entretien et à la plantation de haies en 2025, portant un coup à l’ambition affichée par le gouvernement.

Fruit de deux ans de travail mené par le sénateur écologiste Daniel Salmon, la proposition de loi « en faveur de la préservation et de la reconquête de la haie » est née d’un constat : en avril 2023, un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) révèle que la destruction des haies continue de s’accélérer, plus de 23 000 kilomètres ayant disparu chaque année entre 2017 et 2021. Leurs bénéfices sont pourtant clairement établis : elles stockent du carbone, abritent de multiples espèces végétales et animales, régulent le cycle de l’eau, brisent le vent, limitent l’érosion des sols, créent de l’ombre pour le bétail et fournissent du bois.

Pour mettre un terme à leur disparition, ce texte court vise, en quatre articles, à créer des incitations économiques pour que les exploitants aient intérêt à assurer leur gestion durable. « Il s’agit de changer notre regard sur les haies, que nous devons protéger pour l’agriculture et non pas contre elle », a expliqué jeudi le rapporteur du texte, le sénateur de la Drôme Bernard Buis (Renaissance). Alors que beaucoup d’initiatives se focalisent sur la plantation de nouvelles haies, la priorité est ici donnée à la valorisation de l’existant.

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Cette proposition de loi inscrit dans la loi des objectifs chiffrés en prévoyant une augmentation nette de 50 000 kilomètres de linéaire de haies d’ici à 2030. Elle fixe également l’ambition que 100 000 km soient gérés de façon durable en 2030, et 500 000 km à l’horizon 2050. Au motif de préserver « de l’agilité et de la souplesse », le gouvernement a tenté de faire annuler l’inscription de ces objectifs quantitatifs, sans succès. Une stratégie nationale, actualisée tous les six ans, et un plan d’action devront être mis sur pied.

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