L’épidémie de grippe s’intensifie en France, mais en pharmacie, les stocks de vaccins diminuent, ou pire commencent à manquer.
Des doses additionnelles devraient être débloquées et être disponibles d’ici à quelques jours en officine.
Mais alors que le pic de l’épidémie approche, l’Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officine déplore « qu’on n’arrive pas à mieux anticiper ».

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La semaine passée, la France a enregistré 611 morts liés à la grippe. Face à la circulation « intense » de la grippe et à son impact sur les hôpitaux, le ministère de la Santé a appelé mardi à « une grande vigilance » pour « protéger les plus vulnérables », assurant qu’il y aura assez de doses pour vacciner jusqu’à fin janvier.

Mais dans certaines régions, les stocks de vaccins diminuent ou, pire, commencent à manquer. « Ce constat est général en France, mais la répartition des stocks est inhomogène au sein d’un même territoire », explique à TF1info, Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO (l’Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officine). « Pour donner une idée, en début de semaine, il restait 400.000 doses, mais 50% étaient détenues par 10% des pharmacies, donc on voit bien que la répartition n’est pas forcément juste », poursuit-il, précisant qu’« il n’y avait plus que deux grossistes répartiteurs qui en avaient sur toute la France ». Dans ce contexte, « les gens appellent et font plusieurs pharmacies ».

Comment expliquer ces pénuries ?

Ces tensions observées sur les stocks des officines s’expliquent notamment par le fait que ces dernières commandent leurs doses une fois par an, en se basant sur le taux de personnes vaccinées l’année précédente. Or en 2023, ce taux a atteint moins de 20%. « Les commandes, on les fait en février pour les recevoir en septembre-octobre et nous les pharmaciens », poursuit le président de l’USPO. Or, cette année, « la vaccination a démarré doucement et en fin de semaine dernière, on avait vacciné autant de personnes que l’an dernier, donc tous les vaccins qui ont lieu depuis dix jours, c’est du plus », détaille-t-il, évoquant « une campagne plus suivie ». Et de poursuivre : « Là, les chiffres sont un peu élevés qu’avant 2019 ».

« Mais le problème, c’est qu’on est les seuls à prendre le risque du stock. Il faudrait qu’il y ait un partage de risques, car l’État et les grossistes n’en prennent pas », déplore ce dernier. « La situation actuelle des officines n’est pas bonne, donc les pharmaciens commandent le minimum de ce qu’ils pensent être juste, parce que personne ne peut se permettre de jeter 50 vaccins aujourd’hui », poursuit-il, déplorant qu’« on n’arrive pas à mieux anticiper pour avoir le bon nombre de doses tout de suite ».

Quelles solutions pour faire face à un regain d’épidémie ?

« Pour l’instant, on n’a pas de solution, on attend qu’il y ait un ‘go’ du ministère pour débloquer d’autres doses qui devraient arriver ces jours-ci », s’impatiente Pierre-Olivier Variot, rappelant que le pic de l’épidémie approche. Plusieurs centaines de milliers de vaccins produits dans l’usine normande de Sanofi, initialement prévus pour d’autres pays, vont finalement être gardés pour l’Hexagone. 

« À la demande des autorités, on travaille pour identifier des doses additionnelles qu’on pourrait mettre à disposition en France pour supporter la protection de notre population. On parle de quelques centaines de milliers de doses, j’espère, mais à confirmer dans les prochains jours », détaille dans le reportage en tête de cet article, Charles Wolf, directeur France de Sanofi.  En attendant la livraison de ces doses, certaines agences régionales de santé ont décidé d’exceptionnellement autoriser les pharmacies qui ont encore des vaccins à en donner à celles qui sont en rupture de stock.

Pour « vacciner toutes les personnes qui le souhaitent jusqu’à la fin de la campagne », fin janvier, « des doses sont encore disponibles en officines sur l’ensemble du territoire », a assuré mardi la DGS. Et « des doses complémentaires pourront être mises à disposition du marché français en cas de nécessité, grâce à la mobilisation des acteurs du secteur », a-t-elle précisé, en guise de mise au point intervient après l’écho de tensions d’approvisionnement en vaccins dans certaines pharmacies. « Selon les estimations au vu des commandes initiales et des données de ventes en officine, plus d’un million de doses sont disponibles sur le territoire en ville et à l’hôpital », a-t-elle indiqué à BFM ce jeudi. 


Audrey LE GUELLEC

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