Alors que la France s’apprête à étendre ses zones à faibles émissions (ZFE) pour réduire une pollution urbaine persistante, les critiques à leur encontre se multiplient. A l’instar de ce qui a été mis en place à Londres, Tokyo ou Bruxelles, l’objectif de ces dispositifs est clair : offrir un air plus respirable. Mais leur efficacité est-elle réellement démontrée ? Et, surtout, comment susciter l’adhésion à des mesures souvent perçues comme injustes ?

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Rappelons d’abord que la pollution de l’air tue en silence. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, elle pourrait causer entre 6 millions et 9 millions de décès prématurés par an dans le monde d’ici à 2060. En France, les grandes agglomérations demeurent fortement exposées. Entre 2022 et 2023, les niveaux moyens de particules fines (PM2,5), un indicateur-clé de la qualité de l’air, ont dépassé plus du double des seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé dans 25 villes, dont Paris, Lyon, Marseille ou Grenoble.

Déployées pour la première fois en France à Grenoble en 2017, puis à Paris en 2019, les ZFE restreignent l’accès aux centres urbains aux véhicules les plus polluants. Elles concernent désormais l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants. Mais ces mesures suscitent une opposition croissante, et, à la suite du vote de la commission parlementaire en faveur de leur suppression, plusieurs propositions de loi visant à les affaiblir ou à les abroger seront débattues à l’Assemblée nationale le 8 avril. Le sort de ce pilier des politiques publiques en faveur de l’air pur est désormais incertain.

Amortisseur social

Les ZFE peuvent pourtant améliorer considérablement la qualité de l’air et sauver des vies. A Paris, les mesures adoptées depuis 2014 ont permis, selon certaines estimations, de réduire de 35 % les concentrations annuelles moyennes de PM2,5. A Londres, depuis le lancement de l’Ultra Low Emission Zone en 2019, les émissions de PM2,5 liées au trafic ont chuté de 29 %. A Tokyo, première ville au monde à avoir installé une ZFE, en 2003, une baisse de 11 % des particules fines a été enregistrée cinq ans après, avec des effets positifs mesurés sur la santé des enfants et les taux de mortalité liés à la pollution.

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