Le 28 mai, l’Assemblée nationale a voté en première lecture la loi d’orientation agricole, dont le processus législatif devrait reprendre le 14 janvier 2025 au Sénat. Les députés avaient alors fixé un objectif minimum de 500 000 agriculteurs et agricultrices en activité, dans l’intention de contrer la concentration foncière en cours autour d’unités de production de plus en plus grandes et de plus en plus financées par des acteurs non agricoles.

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Ce processus s’est en effet traduit par une diminution du nombre d’entrepreneurs agricoles (chefs d’exploitation), une augmentation du salariat, notamment saisonnier et précaire, une diminution de la valeur ajoutée et un déficit de plus en plus important en fruits et légumes. La simplification des systèmes de production, sur des parcelles sans arbres toujours plus grandes et un nombre restreint de variétés végétales et animales, s’éloigne de l’optimum pour la biodiversité. Les écosystèmes et la santé sont fortement touchés ; la collectivité supporte des coûts incommensurables pour la préservation de l’environnement et la santé.

Cette concentration conduit à une agriculture de firmes, où le capital social échappe aux agriculteurs et aux agricultrices, le travail est principalement assuré par des salariés et/ou des prestataires, les décisions stratégiques sont prises de plus en plus loin des territoires et une part importante de la richesse créée s’extrait du milieu rural. Cette agriculture, qui occupe environ 1,5 million d’hectares, ne cesse de s’étendre au détriment de l’agriculture familiale et paysanne qui concerne encore la majorité des unités de production en France.

Réguler les marchés fonciers

En poursuivant cette concentration, l’agriculture française pourrait se réduire à 2 000 exploitations de grandes cultures de 10 000 hectares chacune, 3 000 élevages laitiers de 1 200 vaches, quelques unités porcines, quatre élevages géants de poulets, à l’instar du projet de mégaferme en Croatie, et à une agriculture biologique pour fortunés sur les hectares restants.

Serait-ce suffisant pour devenir compétitif face aux géants de dizaines et même de centaines de milliers d’hectares de par le monde ? Non, car il faudrait encore baisser la rémunération des salariés agricoles, utiliser des pesticides interdits en Europe et renoncer à préserver la biodiversité. Cette course à la compétitivité, qui se fait au mépris des agriculteurs et des agricultrices, nuit à l’environnement et détériore la sécurité alimentaire, doit s’arrêter.

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