Un vison d’Europe en France, en août 2005.

Toute la nuit, Romain Beaubert a patienté dans son véhicule à proximité d’un bras de la Charente, antenne télescopique déployée sur le toit. « Ça a été assez calme, la femelle que je suivais ne s’est déplacée que de quelques centaines de mètres », raconte, mardi 26 août, ce chargé d’études faune pour la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Sa mission : suivre à la trace un vison d’Europe, petit mammifère rapide et furtif au pelage sombre et au museau blanc. Ce mustélidé poids plume, qui passe une grande partie de son temps sous l’eau ou sous terre, ne peut être équipé d’une balise GPS : l’émetteur placé dans sa cavité abdominale n’envoie que des signaux radio. Et à partir de 500 mètres de distance, l’antenne VHF ne capte plus rien. A 8 heures du matin, une autre personne a pris le relais pour continuer la filature.

Ce cache-cache géant a débuté après la réintroduction, lundi 25 août, de trois visons d’Europe nés en captivité dans le milieu naturel, dans des lieux gardés secrets situés entre Angoulême (Charente) et Saintes (Charente-Maritime). Cinq autres individus ont été relâchés le 7 août, et deux doivent l’être dans les prochains jours. Ces translocations sont une première en France, et une opération de la dernière chance : avec seulement quelques milliers d’individus à l’état sauvage, l’espèce est considérée en danger critique d’extinction au niveau mondial. « Elle est aussi menacée que le gorille, le rhinocéros noir ou le panda géant, et la responsabilité de la France est immense », rappelle Coralie Denoues, présidente du conseil départemental des Deux-Sèvres, l’un des nombreux partenaires du projet.

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