Depuis que le ministre Jean-Michel Blanquer [2017-2022] a tenté de le réformer, le bac semble être pris dans les soubresauts soulevés par l’introduction du contrôle continu. L’actuelle, et sans doute éphémère, ministre de l’éducation, Elisabeth Borne, vient de se sentir obligée de rouvrir le dossier. Afin de refléter « plus fidèlement » le niveau des élèves et de « diminuer la pression » liée aux notes, elle propose d’« agir sur les modalités de correction et le contrôle continu, c’est-à-dire les conditions mêmes d’attribution du diplôme ». Elle réitère pour cela l’invitation déjà faite en 2021 à chaque établissement d’élaborer un « projet d’évaluation ». Aussitôt, les critiques ont fusé : cette nouvelle réforme intervient ex abrupto, sans concertation, et s’avère trop « explosive ».

Mais sur quoi eût-il fallu exactement se concerter ? Et comment créer les conditions d’une réforme acceptable, parce que douce et non explosive ? La seule façon de sortir des querelles stériles, et des jugements à l’emporte-pièce, est d’avoir une claire conscience de la nature du tour de force à réaliser pour rendre le monument national qu’est le bac à la fois plus objectif et plus juste. Comment, en effet, refléter plus exactement la vraie valeur de l’élève ?

Dans le processus d’évaluation, deux dynamiques conflictuelles sont à l’œuvre. Si bien qu’une double harmonisation s’avère nécessaire. D’un côté, une harmonisation entre deux temporalités : celle d’une dynamique de formation, qui s’exerce en continu, en particulier dans les deux dernières années de lycée, et celle, discontinue, des actes d’attestation et de validation sociale (examen, avec délivrance d’un diplôme). Parallèlement, une harmonisation entre deux desseins : celui d’accompagner et de faciliter une formation et celui de délivrer (ou non) un permis de poursuivre des études.

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Le contrôle continu a été pris en compte, à hauteur de 40 % du score final, pour contrer l’aspect couperet de l’examen terminal, qui, opérant seul, peut s’apparenter à une loterie. Son introduction peut donc être considérée comme une bonne chose. Le diplôme sera attribué sur une base de résultats plus large, et moins soumise à l’aléa. Mais la difficulté majeure est alors de savoir quelles notes prendre en compte. Faut-il créer des épreuves spéciales de contrôle continu ? Faut-il prendre en compte toutes les évaluations opérées dans l’année par les professeurs dans leurs classes ? D’autant plus qu’il faut se méfier des biais dus à la particularité des correcteurs.

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