Les députés La France insoumise ont-ils triché et voté à la place de députés absents au cours de la séance publique du samedi 26 octobre dernier ?
C’est ce dont ils sont accusés, vidéos et images très largement relayées sur les réseaux sociaux à l’appui.

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Les députés LFI ont-ils triché au cours de votes d’amendements survenus la semaine dernière dans le cadre du projet de loi de finances 2025 ? Ces accusations sont largement relayées ces dernières heures sur les réseaux sociaux, images à l’appui. Des faits dont La France insoumise se défend. TF1info vous explique la polémique.

De quoi parle-t-on ? D’où viennent les suspicions et qui les relaie ? Ce sont d’abord des groupes identitaires et d’extrême droite qui ont fait émerger ces accusations, notamment sur X (ex-Twitter), dans des publications vues jusqu’à des centaines de milliers de fois chacune. Le premier extrait largement partagé est une vidéo d’un échange entre la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, la dernière demandant à la première de cesser de « (jeter) la suspicion » sur son groupe. Plus tard, ce sont des vidéos et images de votes qui apporteraient la preuve de ces tricheries qui ont été publiées et partagées par ces mêmes comptes, mais aussi par des députés du camp présidentiel comme l’élu Ensemble pour la République des Français de l’étranger Stéphane Vojetta. 

Que voient-on sur ces images et que veulent-elles dire ? Les vidéos datent de ce samedi 26 octobre, dernière journée de débat sur la partie « recettes » du projet de loi de finances. Au moment de voter pour l’amendement 941 déposé par le député Rassemblement national Jocelyn Dessigny – un scrutin que le parti a souhaité public, entraînant donc un vote électronique et non pas un simple vote à main levée – on voit sur les images la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Bran-Pivet s’adresser à un député situé sur les bancs insoumis et dire : « Arrête avec les deux boutons là ». Elle fait ensuite monter des huissiers auprès d’elle puis ajoute au micro, à l’intention de tous : « Je voudrais juste m’assurer que chacun vote bien conformément à nos règles ».

J’aimerais que vous expliquiez à la représentation nationale ce qu’il se passe

Jean-Philippe Tanguy

Quelques minutes plus tard, le député RN Jean-Philippe Tanguy demande un rappel au règlement et interpelle la présidente de séance. « Ça fait deux fois que vous faites allusion à des votes qui ne respecteraient pas notre règlement, donc j’aimerais que vous expliquiez à la représentation nationale ce qu’il se passe aujourd’hui », demande-t-il. Yaël Braun-Pivet répond : « Rien que quelque chose de très habituel dans cet hémicycle. Les députés changent de place pour les commodités du débat et lorsqu’il y a des votes, ces députés peuvent voter pour un député qui serait présent dans l’hémicycle, mais qui n’a pas eu le temps de regagner sa place. Je m’assure avec le groupe concerné que c’est bien de cela dont il s’agit et qu’il n’y a pas de vote qui serait surnuméraire par rapport au nombre de parlementaires qui sont dans l’hémicycle. »

Dans la foulée, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot enchaîne en réclamant, elle aussi, un rappel au règlement. Elle regrette que la présidente de l’Assemblée « sous-entende » que ses députés trichent. « J’aimerais que vous arrêtiez les allusions sur le fait que nous tricherions sur les votes […] parce que ça jette un voile sur la crédibilité de nos votes. » « Le nombre des votants issus de notre groupe est exactement celui de ses membres présents », assure-t-elle. Elle a obtenu en guise de réponse un rappel aux règles, à savoir que « le vote est personnel ». Or « vous venez à l’instant de reconnaitre que des députés de votre groupe votent pour d’autres députés dont la présence dans l’hémicycle n’est pas certaine », « je vous demande de bien vouloir respecter les règles qui s’appliquent aux votes personnels », a précisé Yaël Braun-Pivet, sans vraiment accuser LFI de triche. 

Depuis, à notre connaissance, aucune procédure n’a été enclenchée à l’encontre de La France insoumise pour des irrégularités de vote. La présidence de l’Assemblée nationale n’a pas répondu à nos sollicitations à ce propos.

LFI dénonce une polémique montée par l’extrême droite et les macronistes

Enfin, dans les publications voulant apporter les preuves en images de tricheries, on voit des élus, notamment la députée de l’Essonne Farida Amrani, appuyer sur les boutons électroniques à des pupitres auxquels ils ne sont pas installés. L’image de l’élue a eu d’autant plus de retentissement qu’elle a été prise juste après que Yaël Braun-Pivet a réclamé un vote électronique sur un scrutin d’abord effectué à main levée, mais dont le résultat était très serré. Mais Farida Amrani dément fermement toute triche. « Je vote pour moi puisque c’est ma place derrière. Il suffit de le vérifier ici », répond-elle sur X, renvoyant vers le site de l’Assemblée. À raison. Il est facile de vérifier sur le site de l’institution que sa place officielle est au dernier rang de l’hémicycle, au siège sur lequel on la voit voter.

« Elle est assise à la place de Jean-Philippe Nilor qui n’était pas là, elle se retourne et elle vote sur son bouton, elle vote pour elle-même », a également justifié la vice-présidente LFI de l’Assemblée nationale Clémence Guetté sur France info ce mardi matin, regrettant que « l’extrême droite et la macronie montent ce type de polémiques, car ils n’étaient pas là » lors des débats.


Justine FAURE

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