Les achats de produits frais ont reculé de 1,5 % en 2024, a révélé une récente étude Kantar.
Surtout, une fracture générationnelle s’affirme : les jeunes boudent ce type d’aliments.

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Votre pouvoir d’achat

« Ce soir, on fait de la cuisine rapido, donc ce sera des raviolis ricotta-épinards ». Comme cette femme interrogée par TF1, les jeunes ont souvent un temps et un budget limités pour la cuisine. Conséquence directe, plutôt que d’acheter des produits frais, ils se tournent régulièrement vers d’autres types d’alimentation. Cette tendance est confirmée par une récente étude de Kantar publiée en marge du Salon de l’Agriculture. Selon cette dernière, les achats de produits frais ont reculé de 1,5 % en 2024. « On observe une baisse en volume des produits frais traditionnels depuis au moins 5 ans », note l’institut de recherche. En outre, plus de 50% de ces mêmes produits sont consommés par les plus de 60 ans. 

Concrètement, « les générations sont un véritable marqueur en matière d’alimentation », souligne Pascal Perri, le spécialiste économie de LCI, mercredi 26 février. « À âge égal, les jeunes générations consomment quatre fois moins de fruits et légumes que leurs aînés. 68% des 18-24 ans et 65% des 25-34 ans sont de faibles consommateurs de fruits et légumes, c’est-à-dire qu’ils en mangent moins de 3,5 portions par jour », détaillait Pascale Hébel, ingénieure agronome et auteure de nombreuses publications sur la consommation alimentaire des Français, en janvier 2023, auprès de TF1Info.  

Comment expliquer ce désintérêt ?

Mai alors, comment expliquer une telle fracture ? Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, du pouvoir d’achat à l’éducation en passant par le temps accordé à la cuisine. Une Française interrogée par le 20H de TF1 affirme renoncer à ce genre d’aliments « faute de temps » et en raison de ses « horaires de travail ». « Après, c’est peut-être une question d’éducation aussi.  Ce sont des habitudes alimentaires depuis la plus jeune enfance », complète une autre, qui invoque aussi une « question de budget ». Kantar explique, de son côté, qu’il s’agit de produits que les plus de 60 ans « connaissent depuis l’enfance », sachant qu’ils ont « plus de temps et un pouvoir d’achat plus élevé ». « À contrario, les plus jeunes n’ont pas les codes, pas le savoir-faire culinaire, pas le temps, ni l’argent », met encore en avant la firme britannique d’études de marchés. 

Une autre donnée s’ajoute à cette conjoncture : le nombre croissant de repas hors de chez soi, ce qui, de facto, affecte le volume des produits frais achetés. Ainsi, le tiers de nos dépenses alimentaires est affecté aux sorties restaurants, pique-niques, cantines et autres pauses casse-croûte, révèle FranceAgriMer, dans une étude dévoilée lundi 24 février et relayée par Ouest France. Les grands gagnants de cette tendance sont les fast-foods et les boulangeries : leur activité a progressé de respectivement + 25 % et + 34 % entre 2019 et 2023. 

Pour tenter d’enrayer cette tendance et d’inciter les jeunes à acheter davantage de produits frais, les professionnels du secteur redoublent d’inventivité. « On leur montre les récoltes, les coulisses (sur les réseaux sociaux). Il faut un petit peu plus aller les chercher mais une fois qu’ils sont convaincus aussi, après c’est bon », estime Laurie Vallais, co-gérante Le Rheu Maraîchers, en Ille-et-Vilaine. « Dès que je cuisine, dès que je prends le temps, je fais des économies. Notre modèle de vente directe, c’est un moyen d’attirer les jeunes, bien sûr », abonde Matthieu Vallais, l’autre co-gérant. Reste à savoir si ce genre d’initiatives seront suffisantes pour séduire une partie de la population violemment touchée par la crise du pouvoir d’achat et qui accorde moins de crédit au « manger sain » que ses aînés. 


La rédaction de TF1info | Reportage : Kévin GAIGNOUX, Killian MOREAU

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