• Quatre dentistes d’un cabinet de Gargenville, dans les Yvelines, sont soupçonnés d’avoir surfacturé des prestations souvent inutiles.
  • Placés sous contrôle judiciaire, ils devraient être jugés en mars 2026.
  • Le montant estimé de l’escroquerie est estimé à 2,3 millions d’euros.

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Le 20H

À première vue, il s’agit d’un pavillon comme les autres à Gargenville, près de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Malgré l’absence de plaque professionnelle à l’extérieur, 10 chirurgiens-dentistes exercent bien dans ce cabinet. Et quatre d’entre eux sont désormais poursuivis pour une vaste escroquerie (nouvelle fenêtre). Son montant s’élèverait à 2,3 millions d’euros, dont 500.000 euros au préjudice de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) des Yvelines, peut-on lire dans un communiqué de la gendarmerie (nouvelle fenêtre) publié le 30 septembre dernier.

C’est un signalement de la Sécurité sociale qui a déclenché l’enquête il y a un an. Les agents avaient en effet constaté que quatre dentistes déclaraient un nombre anormalement élevé de soins coûteux, comme la pose de couronnes.

Des interventions onéreuses… mais inutiles

Les praticiens sont soupçonnés de surfacturer des prestations souvent inutiles. L’équipe du 20H de TF1 a rencontré une patiente qui a consulté un des dentistes incriminés. « J’étais venue parce que j’avais une douleur sur une dent. On m’a proposé au moins deux implants et une couronne », se souvient-elle, avant de préciser que cette intervention se chiffrait alors à 2.900 euros. La femme a ensuite décidé de consulter son dentiste habituel. « Il m’a dit qu’une de mes dents n’avait pas forcément besoin de couronne. Du coup, il me l’a soignée sans poser de couronne », affirme-t-elle.

Ces opérations abusives ont fait la fortune de ces dentistes, déférés aux côtés de leur expert-comptable devant le parquet de Versailles pour des faits d’escroquerie en bande organisée au préjudice de la CPAM 78, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, travail dissimulé, complicité d’exercice illégal de la profession de chirurgien-dentiste et blanchiment de crime ou délit et complicité de ce délit, détaille la gendarmerie dans son communiqué.

« Nous avons réussi à saisir 1,4 million d’euros d’avoirs criminels, ce qui est un chiffre exceptionnel pour ce type d’enquête », reconnaît le colonel Denis Hebinger, commandant de la section de recherches de Versailles. Ce dernier précise au micro de TF1 que parmi ces biens, figuraient « des comptes bancaires », « de l’argent liquide » ou encore des « biens de luxe », comme des montres valant jusqu’à 80.000 euros. « Tout cela a été couvert par un expert-comptable, ce qui veut dire qu’il y a une sorte d’ingénierie financière malicieuse qui a été mise en place », complète le colonel.

Cette escroquerie présumée, avec des actes réalisés à la chaîne, peut avoir des conséquences graves pour les patients. « Certaines d’entre elles peuvent même être des infections, donc c’est quand même important, sachant qu’une infection dentaire, ce n’est pas anodin, parce que ça peut aller jusqu’aux causes les plus graves, comme une septicémie, quand l’infection passe dans le sang », souligne la Dr Victoria Magne Hochez, chirurgienne-dentiste à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Les quatre dentistes, placés sous contrôle judiciaire, ont été interdits d’exercice. Ils devraient être jugés en mars 2026.

La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Julien ROUX, Marie BELOT, Zeïnaba DIALLO

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