Les enquêteurs du parquet et de la police roumains mènent des perquisitions, samedi 7 décembre, au lendemain de l’annulation de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle sur fond de suspicions d’interférence russe en faveur du candidat d’extrême droite. « Trois maisons de la ville de Brasov [Centre] » font l’objet de perquisitions « dans l’affaire liée à des délits de corruption d’électeurs, de blanchiment d’argent et de falsification informatique », ont déclaré les procureurs dans un communiqué.

Ils suspectent aussi des violations de la loi concernant l’interdiction d’organisations et de symboles de nature fasciste, raciste et xénophobe.

L’opération vise en particulier une personne « possiblement impliquée dans le financement illégal de la campagne électorale d’un candidat à la présidence », précise le parquet, sans citer nommément le candidat nationaliste Calin Georgescu.

L’enquête a été ouverte plus tôt cette semaine après la déclassification de documents des services de renseignements étayant les accusations sur le rôle du réseau social TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur. Ces rapports avaient fait état d’un compte TikTok dont l’utilisateur, Bogdan Peshir, a versé 381 000 dollars (361 000 euros) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir le candidat.

« Multiples irrégularités »

La Cour constitutionnelle a annoncé vendredi « annuler la totalité » du scrutin afin de « s’assurer de sa validité comme de sa légalité » et demande à ce que « l’intégralité du processus électoral » recommence, laissant le pays d’Europe orientale, membre de l’Union européenne (UE), sous le choc face à cette décision sans précédent.

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La cour a invoqué « de multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé la nature du vote des citoyens et l’égalité des chances des candidats, affectant ainsi la transparence et l’équité de la campagne, au mépris des principes d’élections démocratiques ».

Sorti de nulle part, M. Georgescu est arrivé en tête du premier tour le 24 novembre à la surprise générale, balayant les favoris issus des partis de gouvernement. Critique de l’UE et de l’OTAN, cet ancien haut fonctionnaire de 62 ans s’est encore déclaré vendredi dans les médias en faveur d’un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine voisine.

Il a dénoncé une forme de « coup d’Etat » après l’annonce de l’annulation des élections. Il devait affronter dimanche la centriste pro-européenne Elena Lasconi, autoproclamée elle aussi « antisystème » et qui remontait dans les sondages, engrangeant les ralliements. Celle-ci a estimé dans une vidéo que « le vote aurait dû avoir lieu » et condamné une « décision illégale » d’un « Etat roumain bafouant la démocratie » et « conduisant le pays à l’anarchie ».

Plus de 85 000 cyberattaques

Le président pro-européen, Klaus Iohannis, saluant à l’inverse la décision face à des accusations « très graves », reste pour l’heure en poste jusqu’à l’élection de son successeur à une date qui sera fixée par le futur gouvernement issu des récentes législatives.

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Réaffirmant leur « confiance dans les institutions » roumaines, les Etats-Unis ont appelé à la tenue d’« un processus démocratique pacifique » et incité toutes les parties à « maintenir l’ordre constitutionnel ».

La Roumanie a, par ailleurs, détecté plus de 85 000 cyberattaques, « y compris le jour de l’élection », lancées depuis une trentaine de pays et « exploitant les vulnérabilités des systèmes informatiques électoraux » pour déstabiliser le processus.

Le Monde avec AFP

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