• Treizième jour au procès de Cédric Jubillar, 38 ans, jugé pour « meurtre par conjoint ».
  • Ce mercredi, la cour a procédé à son interrogatoire récapitulatif.
  • L’accusé continue, près de cinq ans après la disparition de sa femme, à clamer son innocence.

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La disparition de Delphine Jubillar

C’était l’un des moments les plus attendus. Ce vendredi, au treizième jour du procès de Cédric Jubillar, jugé depuis le 22 novembre dernier pour « meurtre par conjoint » après la disparition de sa femme Delphine, la cour a procédé à l’interrogatoire de l’accusé, au début tout du moins. Car l’exercice qui devait commencer dans la matinée n’a en effet finalement débuté qu’à 14h, après qu’un expert psychologue qui a rencontré l’accusé à cinq reprises en 2022, a détaillé son rapport.

En préambule, la présidente a annoncé que les questions seraient posées selon des thématiques : le couple, la situation financière, la procédure de divorce et l’acceptation, la surveillance et la connaissance de la relation extra-conjugale, les menaces, les 15 et 16 décembre 2020, jour de la disparition, et les suites. Les deux derniers volets n’ont pas été abordés, et le seront lundi. Mais d’ores et déjà, l’accusé, âgé de 38 ans, a déjà répondu à de nombreuses questions, notamment sur leur rencontre…

« ‘Salope’ c’est un terme que j’utilise souvent »

Le couple s’est croisé en 2005 avant de se marier en 2013, et d’avoir deux enfants. Cédric Jubillar a reconnu « trois ou quatre aventures » jusqu’en 2009 avec des femmes rencontrées « à la piscine », « dans la rue » et il ne sait « plus où« . « J’étais jeune et bête », a-t-il admis.

L’accusé a aussi reconnu avoir fait « des blagues stupides et débiles » à sa compagne, précisant que celle-ci devait apprécier son « côté bad boy ». En plus de la « rabaisser », le peintre plaquiste l’a aussi insultée à coups de « Ferme ta bouche ! », « Ferme ta gueule » et autre « salope », quand il était « énervé ». « ‘Salope’, c’est un terme que j’utilise souvent. J’ai toujours été un vulgaire personnage », a convenu l’accusé, invoquant un « humour un peu noir et un peu cru ». « Parfois, elle me traitait de connard, on s’insultait, mais on n’en parlait pas », a-t-il également fait savoir.

Concernant d’éventuelles violences, Cédric Jubillar les a formellement contestées. « Jamais », a-t-il soutenu. Il a pourtant reconnu l’avoir agrippée une fois au moins par les épaules. « C’est pas des violences physiques », a estimé l’homme dans le box, veste noire et t-shirt gris. « Y a jamais eu de gifle ou quoi. Elle m’a déjà mis des gifles, j’ai jamais répondu à ces gifles, car j’estimais que j’étais en tort ». 

« J’ai jamais touché à une femme et jamais je le ferai »

« Delphine restera toujours la mère de mes enfants. C’est une femme aimante que j’ai aimée », a-t-il lâché peu après. L’a-t-il tuée et fait disparaître à quelques jours de Noël il y a près de cinq ans ? « J’ai jamais touché à une femme et jamais je le ferai. Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude », a-t-il répété devant la cour. 

Avait-il des motifs pour le faire ? Selon l’accusation, oui et même plusieurs : ses problèmes d’argent, la volonté de divorcer de sa femme, et cet amant. L’accusé sans travail fumait 10 à 15 joints par jour, soit « 300 à 400 euros par mois en cannabis » qu’il « prenait » selon lui à son épouse avant de la « rembourser ». Il y avait aussi cette « maison de Bidochon », telle que décrite par l’infirmière, qui n’a jamais été finie, et les dettes. 

Le 20 octobre 2020, il a fait une demande de découvert. Le 30 novembre, il a fait une demande de financement qui lui a été refusée. « On est 15 jours avant sa disparition. Est-ce que votre situation économique à ce moment-là ne se complique pas ? Vous n’avez plus de solution ? », a demandé Me Battikh, avocat de la tante et de l’oncle de Delphine Jubillar. « C’est vrai, je n’ai pas de solution mais je ne l’ai pas tuée pour autant », a martelé le peintre plaquiste. Il y a aussi l’une de ses ex, rencontrée après la disparition de sa femme, à qui il aurait déclaré qu’il allait toucher les « 7.000 euros d’assurance-vie » de cette dernière, ce qu’il a contesté. 

« Je me suis mis à genoux pour qu’elle me pardonne »

Face à cette épouse qui veut partir et qui lui a annoncé qu’elle voulait divorcer, l’accusé a assuré avoir tout fait d’abord pour la reconquérir.« Je me suis mis à genoux pour qu’elle me pardonne », a-t-il déclaré, égrenant ses efforts. Mais rien n’y fait, Delphine Jubillar projette sa nouvelle vie. « Je me sens persécutée, harcelée, je vais partir et vite », l’avait-elle prévenue sans évoquer son amant.

Mais le cocu a des soupçons. Il trouve de la lingerie dans les vêtements du bébé, trouve que sa femme est plus apprêtée. Il tente alors de la géolocaliser et engage même un détective privé. Le 2 décembre 2020, il découvre sur le compte de sa femme qu’elle loue des voitures, des logements et qu’elle s’achète des vêtements.

Qu’a-t-il ressenti quand il a découvert que cet homme existait vraiment ? « De la trahison, du mensonge », a décrit l’accusé réfutant tout sentiment de « haine » ou de « colère ». Pourquoi a-t-il alors proféré des menaces à l’encontre de sa femme en public, notamment devant sa mère en disant : « Je vais la tuer, je vais l’enterrer et personne ne la retrouvera »? »Je conteste la phrase ‘Personne ne la retrouvera’.  J’ai dit le début : »Je vais la tuer, l’enterrer » mais pas la fin ! », s’est défendu l’accusé, qui soutient avoir tenu de tels propos sur le ton de la blague ou sous le coup de la colère. 

« Delphine, je l’aimerai toujours, ça restera la mère de mes enfants. Elle gardera toujours une place dans mon cœur », a-t-il assuré en fin d’audience. Son interrogatoire doit se poursuivre lundi, à partir de 9 h.

Aurélie SARROT avec Jeanne QUANCARD

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