L’ancien directeur général adjoint de Lafarge, Christian Herrault, et son avocate, Solange Doumic, au palais de justice, à Paris, le 4 novembre 2025.

Lorsque deux personnes s’accusent mutuellement de mentir devant un tribunal, il y a fort à parier que l’une ment. Il arrive aussi, parfois, qu’aucune des deux ne disent la vérité. Depuis qu’a éclaté le scandale du cimentier Lafarge, accusé d’avoir versé de l’argent à des groupes djihadistes en Syrie entre 2012 et 2014, un soupçon, alimenté par plusieurs mis en cause durant l’instruction, brouille la lecture de ce dossier et nourrit tous les fantasmes : les autorités françaises savaient-elles ?

Cette question était au cœur de l’audience qui s’est tenue, jeudi 4 décembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, au douzième jour du procès de Lafarge et de huit de ses anciens responsables pour « financement du terrorisme ». La présidente, Isabelle Prévost-Desprez, a attaqué sa tournée d’interrogatoires par le dernier directeur de la cimenterie syrienne de Jalabiya, Frédéric Jolibois, qui avait pris ses fonctions en juillet 2014, deux mois avant que l’usine ne soit prise d’assaut par le groupe Etat islamique (EI).

Ce choix de commencer par la fin de l’histoire était-il stratégique ? Il a en tout cas porté d’emblée un sérieux coup à la théorie selon laquelle l’Etat français avait connaissance des petits arrangements de Lafarge avec les groupes terroristes qui contrôlaient la région. L’examen de cet épisode a, au contraire, révélé que le dernier dirigeant de la cimenterie avait menti au conseiller diplomatique du Quai d’Orsay en charge des affaires syriennes, Guillaume Henry.

Il vous reste 85.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version