Le procès de l’assassinat du professeur d’histoire-géographie s’est ouvert lundi 4 novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Huit accusés sont jugés pour leur implication à de divers degrés dans ce crime.
Ce jeudi, Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste, a été interrogé sur sa personnalité.

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Le procès de l’assassinat de Samuel Paty

Son interrogatoire était attendu et cette question en particulier, la première posée par le président de la cour d’assises à tous les accusés : « Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? » En préambule, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, accusé d’avoir lancé une campagne de cyberharcèlement contre le professeur d’histoire-géographie quelques jours avant son assassinat avec Brahim Chnina, père de l’élève à l’origine de la polémique , lâche ses quelques mots : »Je tiens à présenter mes condoléances à la famille de monsieur Paty dont je partage la peine ». 

Puis, comme les autres accusés avant lui, à l’exception d’un qui doit être interrogé vendredi et d’un autre qui a reconnu mercredi sa culpabilité, le sexagénaire poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste a contesté les faits qui lui sont reprochés .

« Je n’ai aucun lien avec ce crime »

L’accusé a expliqué que ça fait « quatre ans » qu’il attendait « ce moment-là pour lever cette injustice implacable qui s’est abattue » sur lui. « Mais surtout et avant tout pour laver mon honneur qui fait que mon nom est lié à ce crime barbare que tout mon être rejette dans tous les sens » développe depuis le box cet homme aux cheveux ras, barbe blanche, lunettes sur le bout du nez et chemise bleu ciel.

 « Je n’ai aucun lien avec ce crime et avec son environnement. Et je fais confiance à la cour pour que soit démontrée mon innocence », ajoute le sexagénaire qui encourt 30 ans de réclusion criminelle.

L’accusation est pourtant convaincue de sa culpabilité. Elle lui reproche d’avoir participé avec Brahim Chnina « à l’élaboration et la diffusion de vidéos présentant des informations fausses ou déformées destinées à susciter un sentiment de haine » à l’égard du professeur. Dans cette vidéo du 11 octobre 2020, cinq jours avant l’assassinat du professeur, le militant islamiste dénonçait notamment une France islamophobe. Il qualifiait également Samuel Paty de « voyou enseignant » et invitait d’autres parents à se mobiliser pour obtenir son exclusion.

« Ce que j’aimais, c’est cette liberté d’expression, cette ambiance démocratique »

Pourquoi alors cet homme, né en 1959 à Fès au Maroc, a-t-il décidé en 1982 de venir vivre dans ce pays qu’il qualifiera 18 ans plus tard d« islamophobe » ? « Ce que j’aimais, c’est cette liberté d’expression, cette ambiance démocratique qu’on ne trouvait pas autour de nous », assure-t-il, voix posée, quatre ans après avoir dénoncé le cours de Samuel Paty où ce dernier a présenté des caricatures du Prophète extraites de Charlie Hebdo .

Sur son parcours de vie, l’accusé décrit une « enfance épanouie, heureuse, mais stricte dans le sens des valeurs, avec l’interdiction totale d’insulter les gens ». Seul aujourd’hui à vivre en France, il a suivi des études d’économies au Maroc avant de passer par le Canada, puis de s’installer au Mans et enfin en Île-de-France où il a été professeur de marketing dans différents lycées. Comme ses frères et sœurs, enseignants, chercheur, officier d’état civil, directrice d’un groupe scolaire, ou encore traducteur en Allemagne, Abdelhakim Sefrioui a réussi ses études.

Marié en 1985, l’accusé a eu trois enfants dont une fille qui ne veut plus le voir suite à la séparation de ses parents en 2017. À cette époque, Abdelhakim Sefrioui propose « à son épouse la polygamie », a rappelé l’avocat général, ce qu’elle a refusé. Il s’est mis ensuite avec une autre femme. 

Concernant ses emplois, après avoir été enseignant, Abdelhakim Sefrioui a lancé une maison d’édition et ouvert une librairie avec « 70% de livres en arabe » selon lui, sans préciser la tendance de ces ouvrages. Un commerce qui n’a pas fonctionner, tout comme sa seconde librairie « La force des mots ». Depuis 2015 environ et jusqu’en 2020, le militant touchait le RSA. 

Religion et militantisme abordés plus tard

Du reste de sa vie, rien n’a été dévoilé ce jeudi à l’audience. Le représentant du ministère public, comme les avocats des parties civiles, auraient aimé interroger l’accusé sur son militantisme et sur son engagement religieux, mais ces aspects, comme les faits, doivent être abordés à d’autres moments du procès. Abdelhakim Sefrioui est défavorablement connu pour son appartenance à la mouvance islamiste radicale et il reste de très nombreuses questions à lui poser à ce sujet.


Aurélie SARROT

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