Pour la première fois depuis qu’il a rejoint l’OM, Adrien Rabiot va retrouver le Parc des Princes, dimanche 16 mars, à l’occasion du « Classique » face au PSG.
Maillot marseillais sur le dos, le milieu formé à Paris, considéré comme un « traître » par ses anciens supporters, va avoir le droit à un accueil explosif.
Le club parisien craint un arrêt total de la rencontre en cas d’insultes ou de banderoles répréhensibles.
Il a les oreilles qui vont siffler. Au sens propre comme au figuré. Formé au PSG, qu’il a quitté en 2019 dans la rancœur, Adrien Rabiot s’apprête à retrouver le Parc des Princes. Depuis son départ, précipité par sa mise à l’écart pour six mois sur fond de non-prolongation de contrat, le « Duc » est déjà revenu à Paris, une fois avec la Juventus en Ligue des champions en 2022 et deux autres fois avec l’équipe de France. Il avait alors eu le droit à un accueil inamical, mais en rien comparable avec ce qui l’attend, dimanche 16 mars, pour son retour dans le stade où il a revêtu 227 fois le maillot du club de la capitale.
Cette fois, c’est avec le maillot de l’Olympique de Marseille, le rival honni, qu’il va se présenter devant ses anciens supporters. Lesquels lui préparent un accueil des plus hostiles. À l’instar de celui qu’ils avaient réservé à Fabrice Fiorèse, passé en 2004 chez l’ennemi juré.
C’est surtout le retour d’Adrien (Rabiot) qui inquiète
C’est surtout le retour d’Adrien (Rabiot) qui inquiète
Un salarié du PSG sous couvert d’anonymat
Aux sifflets et chants qui vont tomber des tribunes de l’enceinte de la porte d’Auteuil, va probablement s’ajouter un tifo épinglant leur ancien « Titi » qui n’a eu de cesse depuis son arrivée sur la Canebière de clamer son amour pour l’OM. Jusqu’à faire l’acquisition aux enchères d’un maillot du club olympien porté par Fabrizio Ravanelli, datant l’exercice 1997-1998, saison du penalty controversé (nouvelle fenêtre) gratté par l’ex-attaquant italien qui avait donné la victoire face au PSG (1-2).
De quoi décupler le désamour que lui vouent les fans du club parisien. Eux qui se sont sentis « trahis » par un joueur, qui assurerait pourtant, en 2016, dans une interview à La Provence (nouvelle fenêtre), qu’il était « inconvenable » pour lui « d’aller jouer à Marseille » dans le futur. Un sentiment de trahison partagé par Adrien Rabiot, amer envers son ancien public. « Ma dernière saison (au PSG, ndlr), quand j’étais au placard, les supporters ne sont pas venus me défendre, ils ne sont pas venus pour me sortir de là », évoquait-il au micro de Téléfoot (nouvelle fenêtre) il y a quelques mois. « Il faut arrêter un peu l’hypocrisie. »
« Je ne vais pas vous mentir, moi quand j’étais au PSG, on ne m’a rien donné, on ne m’a pas fait de cadeaux, on n’a pas été plus que ça derrière moi. Ma dernière saison quand j’étais au placard, les supporters ne sont pas venus me défendre pour me sortir de là. » Adrien Rabiot… pic.twitter.com/zMUJt3sP5G — Téléfoot (@telefoot_TF1) November 24, 2024
C’est donc à un retour sous haute tension que se prépare le PSG, préoccupé par le risque de débordements avant ce « Classique », classé au niveau 5 « Risques critiques » (nouvelle fenêtre), soit le plus haut degré d’alerte en matière de sécurité, malgré l’interdiction de déplacement des supporters marseillais. Une réunion de sécurité a eu lieu, jeudi 13 mars, entre le club parisien, la LFP et les autorités compétentes.
« On nous a demandé de prévoir le pire des scénarios », a confié à L’Équipe (nouvelle fenêtre) un salarié du PSG sous couvert d’anonymat. « Le pire ? Un arrêt complet de la rencontre à cause de chants ou de banderoles répréhensibles. À défaut, on prévoit au moins une petite interruption. Mais c’est surtout le retour d’Adrien (Rabiot) qui inquiète. Les supporters attendent depuis un moment l’occasion de l’accueillir à leur manière. Et on sait aussi que sa mère (Véronique, qui est aussi son agente) sera une cible. » Le clan Rabiot cristallise toutes les tensions, au point qu’un visuel (nouvelle fenêtre) posté sur le compte de la Ligue 1 a dû être supprimé.
Le PSG cherche à calmer le jeu
Face au risque de voir ce match à l’enjeu sportif dilué être interrompu, voire arrêté définitivement, ce qui pourrait lui valoir des sanctions, le club parisien, qui devance son rival marseillais de 16 points en Ligue 1, appelle au calme derrière le slogan #SupportersSupportons (nouvelle fenêtre). Il incite ses supporters à se comporter avec « respect » et « fair-play ».
« Quand on est supporter, on encourage, on soutient. Sans insulter. Sans exclure. Sans stigmatiser », proclament les champions de France. « Nous le savons tous, ce match déchaîne les passions (…). Mais cette énergie et cette rage de vaincre ne peuvent se transformer en haine depuis les tribunes », avertit la direction du PSG. « Les chants insultants et discriminants n’ont pas leur place dans notre enceinte. »
Quand on est supporter, on encourage, on soutient. Sans insulter. Sans exclure. Sans stigmatiser. #SupportersSupportons 🔴🔵 pic.twitter.com/ZDhpxADElz — Paris Saint-Germain (@PSG_inside) March 13, 2025
Un appel à la retenue relayé par Luis Enrique en personne. « Avec ce niveau d’excitation, je pense que les supporters devraient avant tout se concentrer sur notre équipe, profiter de ce que nous faisons et respecter l’adversaire », a lancé le coach parisien, samedi 15 mars, à la veille de la réception de l’OM. « Il n’y a pas meilleure indifférence que de ne consacrer aucun instant à l’adversaire et se concentrer sur les encouragements pour notre équipe. C’est ce que je souhaite et j’espère que c’est ce qui va se passer. »
Du côté d’Adrien Rabiot, on assure qu’il n’est pas perturbé pas ces retrouvailles bouillantes. « Soit il le cache bien, soit ça ne l’affecte pas trop. Je n’ai pas senti un Adrien différent des autres semaines », a confié son coéquipier Valentin Rongier. « Ça n’est pas lui qui monte au Parc, c’est toute l’équipe. Forcément, c’est particulier et ça sera hostile pour lui. Mais dans ce cas, ça l’est pour nous aussi. On est une famille et on sera avec lui. » Au sein du club phocéen, on le dit même « serein et tranquille », « assez expérimenté pour ne pas se laisser parasiter par l’ambiance ». Une carapace dont il aura bien besoin lorsqu’il entrera dans son ancien jardin.