• La paranoïa est un trouble mental qui se caractérise par une méfiance extrême et non justifiée.
  • Ce trouble est la maladie mentale la moins étudiée et moins enseignée.
  • La thérapie cognitive et comportementale est recommandée pour traiter la paranoïa.

Le moindre regard suscite des questionnements. Une personne trop bienveillante et les soupçons naissent immédiatement. L’esprit encombré par des doutes injustifiés sur la loyauté de son partenaire, de ses amis, de ses collègues… Au quotidien, il est difficile d’entretenir une relation, amicale, amoureuse ou professionnelle, avec une personne extrêmement méfiante. Si la méfiance est salutaire, trop de suspicion envoie un autre message et peut être associée à de la paranoïa. « Le trouble de la personnalité paranoïde se caractérise par une tendance omniprésente à la méfiance et à la suspicion injustifiées envers les autres qui mène à interpréter leurs motifs comme malveillants« , décrit le Manuel MSD. (nouvelle fenêtre) S’il s’agit d’un trouble mental (nouvelle fenêtre) et non d’un trait de caractère, la paranoïa est moins étudiée et moins enseignée que les autres troubles, parce que les personnes qui en souffrent consultent rarement pour obtenir une prise en charge. Pourtant, elle peut rendre la vie particulièrement difficile : « Si l’on a tendance à croire que les autres manipulent, la conclusion facile conduit à interpréter à tort les mots, les actes, et même les émotions humaines, comme de la manipulation. De même, on peut rationaliser son propre mauvais comportement, attaquant le premier sous l’effet de la menace. Tel un domino qui tombe, la paranoïa peut déclencher une chaîne d’erreurs« , explique la thérapeute Loriann Oberlin dans Psychology Today.

Les symptômes d’un trouble paranoïaque

La paranoïa clinique se base sur divers éléments à la fois cognitifs et comportementaux qui remontent au début de l’âge adulte. Les patients qui présentent ce trouble « suspectent les autres de vouloir les exploiter, les tromper ou leur nuire. Ils pensent qu’ils peuvent être attaqués à tout moment et sans raison. Ils persistent dans leurs soupçons et leurs pensées en l’absence de preuves ou en présence de preuves fragiles« , note le Manuel MSD. Ils pensent être utilisés, sont toujours dans un état d’hypervigilance, cherchent toujours des significations cachées dans les mots et les actes des autres. Ils ne pardonnent pas lorsqu’ils pensent avoir été insultés ou blessés et peuvent répondre avec colère lorsqu’ils estiment avoir été insultés. Par ailleurs, ils ont du mal à nouer des relations étroites, se méfient même de leur partenaire. Ils peuvent être réservés, renfermés, jaloux et ont du mal à se confier et sont constamment sur la défensive. « Lorsque d’autres personnes leur répondent de façon négative, ils prennent ces réponses pour une confirmation de leurs soupçons d’origine« , précise le Manuel MSD.

La vision du monde d’un patient atteint de paranoïa est particulièrement chaotique et angoissante dans la mesure où c’est « une vision guerrière, de menaces constantes, extérieures et intérieures. Dès que le malade vit un phénomène ou un sentiment étrange, il l’attribue à une persécution et élabore des stratégies de défense avant de harceler les autres », explique la psychologue Ariane Bilheran à Psychologies Magazine. De ce fait, la vie avec ces personnes est plus que challengeante.

Comment se traite la paranoïa ?

Difficile à déceler, la paranoïa se traite différemment selon la gravité et la forme qu’elle prend (à savoir paranoïa délirante ou trouble de la personnalité). Le plus souvent, c’est la thérapie cognitive et comportementale qui est prescrite afin d’identifier et de modifier les schémas de pensée. « La TCC vise à remettre en question les croyances irrationnelles et les idées délirantes, aider à mieux interpréter les intentions des autres et réduire la méfiance et améliorer la confiance dans les relations« , souligne la psychologue Johanna Rozemblum, interrogée par Cosmopolitan. Dans d’autres cas, des médicaments peuvent être prescrits, voire une hospitalisation quand la personne devient dangereuse pour elle-même ou son entourage. « Les paranoïaques sont des personnes colériques. Généralement, ils se servent des autres comme d’un paratonnerre prêt à alimenter leur propre colère, puis se plaignent et agissent comme si les autres étaient responsables de l’explosion de mines terrestres« , écrit le Dr Martin Kantor, auteur de Understanding Paranoia et cité par Loriann Oberlin dans Psychology Today. Enfin, il est conseillé de ne jamais essayer de rassurer ou désangoisser un patient paranoïaque, sous peine de subir les foudres, ce qui à terme, peut être fragilisant sur le terrain psychique pour l’autre.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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