Dans les Pyrénées-Orientales, les hivers blancs deviennent une exception.
Sur place, trois petites stations de ski, en sursis face au réchauffement climatique, s’unissent pour ne pas disparaître.
Dans leur sillage, toute une économie se réinvente afin de ne plus dépendre de la neige.

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Le 20H

L’union fait la force, dit le proverbe ancestral. En moyenne montagne, entre 1.000 et 1.400 mètres d’altitude, elle fait désormais la survie. La faute au manque de neige, consécutif au changement climatique, qui rattrape ces stations de ski avant d’autres, plus haut placées. Formiguères, Porté-Puymorens et Cambre d’Aze, dans les Pyrénées-Orientales, font partie des concernées. En conséquence de quoi, elles ont décidé de fusionner sous forme de société publique à l’hiver 2022-23.

Résultat : un appareil flambant neuf, voire avant-gardiste, installé au pied des pistes de Formiguères, transformable en fonction de l’enneigement. « On peut très vite retirer les cabines ou retirer les sièges de la ligne, pour ne plus avoir qu’une télécabine ou qu’un télésiège. Sachant que le fait de n’avoir qu’une télécabine, ça permet de passer en mode été pour remonter des piétons, des vélos. En une heure, on change la configuration de toute la ligne. C’est vraiment très rapide », montre à la caméra de TF1, dans le reportage du JT de 20H visible dans la vidéo en tête de cet article, Alexis Righetti, directeur général de Trio Pyrénées, l’entité née du regroupement des trois petites stations.

Ce n’est pas anodin : outre le manque de neige, l’entretien de remontés mécaniques vieillissantes contribue grandement à plomber les finances locales ailleurs en basse et moyenne montagne française. Ici, les trois municipalités se sont équitablement partagé un investissement de 11 millions d’euros. Des coûts mutualisés pour le matériel, donc, mais aussi pour les moyens humains. « C’est une gestion commune, comme s’il n’y avait qu’un seul site. Du coup, ça nous permet une flexibilité accrue, puisque le personnel peut passer d’un site à l’autre, notamment en fonction des problématiques d’enneigement », vante encore Alexis Righetti. Un nouvel équilibre économique viable ?

En attendant que l’avenir le dise, l’urgence de s’adapter pour survivre, même sans neige, a aussi rattrapé les commerçants de la vallée. « Depuis le Covid, il y a de plus en plus de monde qui vient l’été pour faire du vélo, de la randonnée. Donc ça tourne aussi. Moins que l’hiver, forcément, mais ça commence à se diversifier », indique Juliette Deger, responsable du magasin Skiset, qui ne se contente donc plus de vendre ou louer des équipements de ski.

Même le vénérable hôtel de Formiguères, ouvert depuis 1922, suit le mouvement. Durant une centaine d’années, les grands-parents puis les parents de Sylvain Picheyre n’ont vécu que du ski. « On a installé de nombreuses prises électriques, et on en rajoutera, pour garer les vélos, nous montre l’actuel directeur. Aujourd’hui, entre 60 et 70 % du chiffre d’affaires va s’effectuer l’hiver. Mais c’est en train de grignoter petit à petit, notamment avant et après été. Deux périodes de deux mois qui ont tendance à s’accentuer. » Dans ce sillage, l’agence immobilière locale mise désormais sur des séjours hors vacances scolaires, « avec d’autres activités que le ski, ça nous permet d’avoir du monde sur la station toute l’année », assure sa directrice, Marine Vigo.

À présent, tout ce petit monde doit veiller à la juste répartition des visiteurs, donc des profits, entre les trois stations. Mais à court terme, ce n’est qu’un moindre mal. Notre-Dame-de-la-Tarentaise en Savoie, le Grand Puy dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Tanet dans les Vosges, l’Alpe du Grand-Serre en Isère ou encore Piquemiette dans le Jura sont purement et simplement fermées cet hiver, en raison de leurs déficits. Depuis 1970, 200 stations françaises ont mis la clé sous la porte.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 David DE ARAUJO, Jean Pierre FERET, Héloïse LEVÊQUE

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