Jérôme Przystupa aimerait passer sa vie à « rendre la planète plus belle ». A la mi-juin, devant un bouquet de fleurs sauvages, l’exploitant agricole de 60 ans raconte son amour de la nature dans le salon de sa maison de La Chapelle-Taillefert, au milieu des collines boisées de la Creuse. Ce propriétaire d’exploitation agricole aux larges épaules parle du grand air, des balades et de tous les animaux recueillis, ces deux dernières décennies, dans sa Ferme des 3 petits cochons qui compte deux cents porcs. Un vrai militant écologiste, comme Audrey, sa compagne de 47 ans, soutien de longue date de l’ONG WWF (Fonds mondial pour la nature).

En 1995, à Liévin, dans le Pas-de-Calais, Jérôme Przystupa s’est même présenté comme tête de liste pour les Verts aux élections municipales. Entourés de leurs deux enfants, Louis et Lucas, 10 et 8 ans, leurs cinq chiens (Wolf, Chippie, Heidi, Edelweiss, Sawyer) et leurs cinq chats (Voyou, Poussinette, Bouchon, Bébé Roux, Princesse), l’ex-candidat et sa femme sortent de leurs archives un vieux tract de campagne. Sur une photo, Jérôme Przystupa, qui était alors éducateur sportif, sourit. En dessous de l’image, le futur éleveur dénonce « le discours fascisant et haineux de Le Pen ».

Presque trente ans ont passé depuis ce programme qui lui a permis de devenir conseiller municipal à Liévin. Aujourd’hui, Jérôme Przystupa enchaîne douze à quatorze heures de travail quotidien. Les journées de repos sont rares. Il faut bien faire tourner sa ferme, où travaillent quatre employés à temps plein, dont sa compagne, payée 1 500 euros net par mois. Endetté – il doit rembourser 4 000 euros par mois après un emprunt contracté pour acheter le matériel de la ferme –, Jérôme Przystupa, lui, n’a pas les moyens de se rémunérer dans ce « goulag », comme il décrit parfois sa vie professionnelle.

Alors, le 9 juin, aux élections européennes, il a soutenu le Rassemblement national, arrivé largement en tête dans le département (35,40 % des voix). « Jamais je n’aurais imaginé mettre un bulletin pour eux un jour, avoue l’éleveur. Mais cette fois-ci, il faut vraiment que le RN gagne. » Au premier tour des élections législatives, il a donné sa voix à Bartolomé Lenoir, conseiller d’Eric Ciotti, candidat LR rallié au RN, arrivé en tête, devant le Nouveau Front populaire (NFP), avec 33,2 % des suffrages. « On est très contents, même si on aurait aimé encore plus de voix », commente-t-il au téléphone le 1er juillet. Sans surprise, il revotera Lenoir le 7 juillet, avec l’espoir de faire basculer cette circonscription gagnée en 2022 par La France insoumise (LFI).

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