Alors que Kiev est suspendu à un vote pour le déblocage de l’aide américaine, le patron de la CIA a mis en garde, jeudi 18 avril, contre une défaite de l’Ukraine « d’ici à la fin de l’année ».
Sans le soutien militaire et économique des États-Unis, « le risque est très réel » de voir la Russie l’emporter, a prévenu William J. Burns.

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Ukraine : deux ans de guerre

Est-on à un tournant de la guerre ? Début avril, la Russie revendiquait la conquête de plus de 400 km² de territoire en Ukraine depuis le 1ᵉʳ janvier, annulant ainsi les gains de Kiev lors de sa contre-offensive. Bien que des pans du front restent gelés, Moscou semble avoir profité des « contraintes matérielles » limitant les capacités ukrainiennes à « mener des opérations défensives efficaces », selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui a lui estimé à 505 km² le grignotage russe depuis octobre 2023.

À l’image de sa prise d’Avdiïvka, ville forteresse de l’Est tombée mi-février, l’armée russe exploite sur le champ de bataille les faiblesses ukrainiennes. Des fragilités qui s’amplifient, au fur et à mesure que Kiev est confrontée à une pénurie de munitions et l’amenuisement de l’aide occidentale, notamment venue des États-Unis.

Dans ce contexte, où les troupes russes continuent « à pousser vers l’Ouest », la CIA a mis en garde, jeudi 18 avril, contre la possible défaite de l’Ukraine d’ici à la fin de l’année 2024. Un avertissement formulé par William J. Burns, le chef des services de renseignement américain, à deux jours du vote de la Chambre des représentants sur une enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide, principalement militaire, qu’attend impatiemment Volodymyr Zelensky. 

Le risque (de perdre la guerre) est très réel

William J. Burns, directeur de la CIA

« Avec l’élan – à la fois pratique et psychologique – que procurerait une aide militaire, je pense que les Ukrainiens sont parfaitement capables de tenir le coup en 2024 », a-t-il jugé lors d’un discours au George W. Bush Center, à Dallas, au Texas. « Sans aide supplémentaire, la situation est bien plus désastreuse », a averti l’ancien ambassadeur américain en Russie. « Le risque est très réel que les Ukrainiens perdent sur le champ de bataille d’ici à la fin de 2024, ou au moins que (Vladimir) Poutine soit en position de dicter les termes d’un règlement politique », a-t-il ajouté, sans détailler ce qu’il entendait concrètement par « perdre » la guerre.

Pour illustrer le manque de munitions de l’armée ukrainienne, il a affirmé que deux brigades – des unités de plus de 2000 soldats – ne disposaient que de « 15 obus d’artillerie par jour » et d’un total de « 42 obus de mortier ».

Jugée d« ‘importance critique » par Volodymyr Zelensky, le déblocage de l’aide américaine, qui demeure toujours aussi incertain en l’état, « ne pourra rien changer » à la situation sur le terrain, a assuré le Kremlin. « Cela ne peut en aucun cas influer sur l’évolution de la situation sur les fronts », a commenté le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Tous les experts disent dorénavant que la situation sur le front est défavorable à la partie ukrainienne ». 

Sans cette aide, comme le notait l’Institut Montaigne, le sort de l’Ukraine pourrait être rapidement scellé. Fin mars, le think tank indépendant alertait, parmi plusieurs scénarios de sortie de guerre, sur un possible effondrement de la ligne de défense ukrainienne, faute de munitions. Ce n’est pas pour rien que Joe Biden a martelé, dans les colonnes du Wall Street Journal, qu’il s’agissait d’un « moment charnière ».


Yohan ROBLIN

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