Vous ne sentez pas comme un petit parfum de culpabilité dans l’air ? Au moment des fêtes de fin d’année, quotidiens d’information et magazines spécialisés publient les listes interminables de produits culturels qu’il ne fallait surtout pas manquer en 2024, les films qu’il faudrait avoir vus, les disques et les podcasts qu’il serait de bon ton d’avoir écoutés, les livres que l’on devrait absolument avoir lus, les expos indispensables… Une sorte de liste de courses invitant à la boulimie.
Il n’y a pas si longtemps, pourtant, nos vies culturelles semblaient plus frugales, ou en tout cas plus simples. Les samedis soir étaient rythmés par la grille de programme télé de Télérama. On posait le doigt sur la colonne M6 et on le laissait glisser jusqu’au créneau de 21 heures : la trilogie du samedi. Buffy, Charmed, Alias, la soirée s’annonçait bien. A condition que les parents acceptent que des vampires égorgés hurlent horriblement dans le salon. Une époque où Netflix n’était encore qu’un service d’envoi de DVD par voie postale, aux Etats-Unis seulement. L’équivalent – en plus technologique – de notre Vidéo Futur. C’était avant les plateformes de streaming, avant la profusion, le choix illimité, mais aussi avant qu’émerge l’idée d’une « charge mentale culturelle », qui a explosé, entre autres, avec les contenus audiovisuels.
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