La violente agression de Samara avait provoqué une vive émotion en avril dernier.
La collégienne de 14 ans avait été rouée de coups par un groupe d’adolescents à la sortie des cours, à Montpellier.
Quatre mois plus tard, la jeune fille se reconstruit, tentant de surmonter le cyberharcèlement qu’elle a subi.
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Le fléau du harcèlement scolaire
Derrière la poussette de son petit frère, Samara entreprend l’une de ses rares sorties, quatre mois après avoir été passée à tabac devant son collège de Montpellier. Dans quelques jours, l’adolescente fera sa rentrée en classe de troisième professionnelle. « Elle essaie d’avoir une vie normale. Elle a été rescolarisée provisoirement pendant une petite période, et là, elle va reprendre une scolarité à la rentrée », indique sa mère, Hassiba, interrogée dans le reportage en tête de cet article.
« Psychologiquement, elle travaille toujours pour essayer de comprendre qu’on n’a pas le droit de lui faire ce qu’on lui a fait. Elle est encore dans le déni », poursuit-elle. Le 2 avril, la collégienne avait été violemment frappée par un groupe d’adolescents à la sortie des cours, à proximité de son établissement. Victime d’une hémorragie cérébrale, elle était restée dans le coma pendant plus d’une journée.
Insultée sur les réseaux sociaux
Si l’enquête administrative lancée par le ministère de l’Éducation nationale n’a pas relevé de « situation de harcèlement scolaire » en avril, le harcèlement sur les réseaux sociaux pourrait bien être la cause de cette agression. « On verra bien, c’est bon, t’es foutue », lit Hassiba, rapportant des propos envoyés à sa fille sur le réseau social Snapchat. Sur Instagram, Samara a aussi été insultée de « keh », un terme arabe signifiant « prostituée ».
« J’en ai pris conscience au moment où ma fille s’est fait agresser. Maintenant, je contrôle et je vérifie », confie Hassiba. « Je vérifiais auparavant, mais je ne pensais pas que les réseaux sociaux pourraient avoir une telle incidence », affirme la mère de famille. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, un adolescent sur six a déjà été victime de cyberharcèlement. Un chiffre qui a augmenté de 18% pour les filles, et de 25% pour les garçons.
Les réseaux sociaux ont-ils leur part de responsabilité ? Après le suicide de sa fille Marie à Cassis en 2021, Stéphanie Mistre a quant à elle porté plainte contre le réseau social TikTok, considérant que sa fille, harcelée, n’avait pas été protégée. Elle avait pourtant partagé sa souffrance dans des vidéos en ligne. « On a renvoyé des algorithmes sur ‘comment se suicider ?’, avec des groupes qui chantent le suicide », se désole-t-elle. Et d’ajouter : « On lui suggérait, ne serait-ce que pour une recherche, que c’était la meilleure solution ».
Des violences physiques initiées presque systématiquement par du harcèlement. « D’autant plus que la mauvaise réputation sur les réseaux sociaux est très simple à mettre en place. C’est la violence verbale, avant tout, qui est banalisée », analyse Gabriella Cairo, présidente de l’association pour la prévention du harcèlement. Selon les bénévoles de cette structure, la violence, majoritairement présente au collège il y a dix ans, commence désormais dès l’école primaire.