Aussi appelée méthode Kangourou, cette pratique est de plus en plus utilisée dans les salles de maternité.
Entrepris immédiatement après la naissance, le peau à peau bénéficie tant au nouveau-né qu’au parent.
En plus de posséder des vertus sur la santé, cette pratique a des bienfaits sur les compétences sociales du bébé.

Les bébés du monde entier peuvent s’adonner au peau à peau mais cela n’a pas toujours été le cas. Inventée en 1978 à Bogota par deux pédiatres colombiens, Edgar Rey et Hector Martinez, elle était surtout utilisée dans les pays en développement pour prendre en charge les nouveau-nés très légers. 

Aujourd’hui, ce contact précoce, qui dure entre 90 et 120 minutes, profite à tous les bébés sans distinction de poids. L’enfant est placé nu, le dos couvert après séchage, sur le ventre de sa mère ou de son père en cas  d’accouchement par césarienne. Cette pratique permet de faire connaissance, mais a-t-elle des vertus médicales ? 

Est-ce un moyen d’améliorer la santé de bébé ?

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande le peau à peau comme un moyen de lutter contre l’hypothermie, de promouvoir l’allaitement maternel et de favoriser les interactions précoces de la mère avec son tout-petit. La Haute autorité de santé va dans le même sens en préconisant cette pratique dès les premiers instants de vie du bébé. Avec le peau à peau, la température du nouveau-né reste stable pendant plus de deux heures. Il stabilise aussi sa fréquence cardiaque et respiratoire, ainsi que son taux de sucre. 

Si vous avez prévu d’allaiter votre progéniture, le peau à peau peut vous aider, expliquent les spécialistes Jérôme Pignol, Véronique Lochelongue et Olivier Fléchelles dans leur ouvrage « Peau à peau : un contact crucial pour le nouveau-né« . Il favorise le succès de la première tétée et optimise le comportement d’allaitement du nouveau-né. C’est aussi le meilleur moyen pour augmenter la durée de l’allaitement maternel. En revanche, le peau à peau ne réduit pas les problèmes liés à l’allaitement, notamment l’engorgement. Il ne possède pas non plus d’influence sur la maturation du lait. 

Anna Roy, sage-femme et auteur de nombreux ouvrages sur l’accouchement et la maternité, souligne que la pratique du peau à peau présente l’avantage de réduire les risques d’infection. Le système immunitaire du nouveau-né n’est pas encore fonctionnel à la naissance. En s’imprégnant de la flore bactérienne de sa maman ou de son papa, il préserve sa santé. 

Une manière de s’attacher et de s’apaiser mutuellement

Le peau à peau représente une manière douce d’accueillir votre enfant qui peut s’imprégner de votre odeur et de votre chaleur. Ce contact lui rappelle les mois passés dans votre ventre, ce qui l’apaise. Jérôme Pignol, Véronique Lochelongue et Olivier Fléchelles enfoncent le clou. La pratique de la méthode Kangourou permet de produire de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du bonheur. La maman est plus calme, moins anxieuse, et interagit plus facilement avec son enfant. De son côté, le bébé pleure moins car il s’agit d’une réponse satisfaisante au stress de l’accouchement et de la naissance. 

Publiée en 2023 dans la revue JAMA Network Open, une étude menée par des chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède a confirmé que le contact corporel joue un rôle important dans les compétences sociales du nourrisson. 91 bébés nés prématurément entre 28 et 33 semaines, qui n’ont pas profité du peau à peau, ont eu plus de mal à socialiser que les autres enfants. Le manque de contact avait porté préjudice à leur développement. 

Une pratique bénéfique, oui, mais avec quelques risques

Le peau à peau peut perdurer à la maison les premiers mois de bébé. Mais attention à bien respecter certaines précautions pour éviter les accidents. Anna Roy conseille aux parents de placer leur enfant au-dessus des seins pour éviter l’étouffement. 

Pour respirer correctement, le bébé ne doit pas avoir la tête et le nez face au buste. Si vous êtes très fatigué, il vaut mieux reporter le peau à peau pour écarter le risque d’endormissement. Et pour réduire la probabilité d’une chute, pratiquez le peau à peau au milieu du lit et non sur le bord. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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