La dysmorphophobie est un trouble psychologique qui se caractérise par une obsession pour un défaut corporel supposé.
Les selfies, les filtres et retouches d’images proposées par les plateformes numériques impactent la perception de l’image corporelle.
Le trouble dysmorphique peut avoir des conséquences sur la santé mentale, le bien-être et la vie sociale et nécessite une prise en charge.

Les réseaux sociaux sont devenus des vitrines permanentes sur la vie des individus. Poussés par la volonté de se montrer sous leurs meilleurs jours, les utilisateurs des plateformes n’hésitent pas à modifier leurs corps et leurs visages à coups de filtres et de retouches. De quoi accentuer un trouble mental méconnu : la dysmorphophobie, ou trouble dysmorphique corporel.

Qu’est-ce que la dysmorphophobie ?

Il s’agit d’une préoccupation excessive et irrationnelle concernant un défaut physique imaginaire ou exagéré. D’après le manuel MSD, « les patients effectuent également de manière répétitive et excessive des comportements en réponse à une obsession de l’apparence« . Cette obsession affecte le bien-être psychologique et social, car elle peut provoquer de l’anxiété, de la dépression, de l’isolement et mener jusqu’à des comportements autodestructeurs. La dysmorphophobie apparaît souvent à l’adolescence et touche plus fréquemment les femmes.

Les réseaux sociaux accentuent les troubles liés au corps

Avec les réseaux sociaux, la culture du selfie a explosé. En proposant des filtres de beauté et des retouches d’images, les plateformes numériques jouent un rôle sur la manière dont est perçue l’image corporelle et accentuent les insécurités liées au physique. D’après une étude publiée en 2017 par l’American Journal of Preventive Medicine, le temps passé sur les réseaux sociaux aggravait les symptômes de dysmorphophobie. Les auteurs de l’étude expliquent, par ailleurs, que les utilisateurs intensifs des réseaux sociaux avaient trois fois plus de risque de souffrir de troubles liés au corps.

Une autre étude publiée en 2019 par Body Image Journal a montré que les filtres et la retouche des selfies impactaient la perception de soi chez les femmes et les adolescentes. Cette modification régulière contribuait à une fausse image de soi, à une distorsion de leur image et à une insatisfaction de leur corps. Les hommes ne sont pas épargnés par les effets négatifs des filtres. Une étude canadienne montre que leur utilisation pousse les jeunes hommes à souffrir de dysmorphophobie musculaire. Cette pression de l’apparence « parfaite » pousse par ailleurs de plus en plus de personnes à modifier leur apparence en ayant recours à la chirurgie esthétique.

Un cercle vicieux

L’exposition constante à des normes irréalistes de beauté a aussi un impact néfaste sur sa propre perception corporelle et aggrave la dysmorphophobie, notamment chez les sujets vulnérables et les jeunes. Dominique-Adèle Cassuto, endocrinologue-nutritionniste spécialisée dans le comportement alimentaire et auteure du livre « Silhouette » explique à nos confrères de Pourquoi Docteur : « De nos jours, les réseaux sociaux, particulièrement Instagram, accentuent ce trouble, car ces plateformes sont basées sur la comparaison sociale. Si l’on suit, par exemple, une influenceuse qui a les cuisses fines sur ses photos, on va vouloir se comparer à elle« . À cela, s’ajoute l’anxiété causée par l’absence de « like » ou les commentaires négatifs qui peuvent accentuer la perception négative qu’une personne a d’elle-même et créer, de ce fait, un cercle vicieux.

Comment sortir de la dysmorphophobie ?

D’après le Manuel MSD, « au cours de leur vie, environ 80 % des personnes souffrant de troubles dysmorphiques corporels ont des idées suicidaires et environ un quart à près de 30 % tentent de se suicider. La dysmorphie corporelle est caractérisée par des taux de suicidalité significativement plus élevés que d’autres troubles psychiatriques« . D’où l’importance de se faire prendre en charge par des médecins. Selon le degré du trouble, le médecin ou le psychiatre pourra prescrire un traitement médicamenteux, ou bien de la psychothérapie, en particulier la thérapie cognitive et comportementale. De manière générale, le traitement cosmétique est à éviter, car il est inefficace, voire dangereux pour la santé mentale du patient souffrant de dysmorphophobie. Le Manuel MSD précise d’ailleurs que « les médecins qui fournissent un tel traitement peuvent être à risque de menaces légales ou physiques ou de comportements par des patients insatisfaits« .


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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