Être exposé à la souffrance d’autrui peut impacter la santé mentale de celui qui écoute.
L’autre vit alors un traumatisme secondaire, par procuration.
La fatigue compassionnelle se manifeste de différentes manières selon les personnes.

Être exposé aux traumatismes ou aux facteurs de stress d’autrui peut-il nous toucher jusqu’au point de nous traumatiser ? Oui. Le trouble vicariant ou la fatigue compassionnelle est un traumatisme indirect, par procuration, résultant d’une réaction empathique et émotionnelle très profonde. Ce trouble touche principalement les personnes qui accompagnent les personnes en souffrance, notamment les personnels de santé, mais pas seulement. Journalistes, travailleurs sociaux, policiers, greffiers, thérapeutes et même les proches peuvent souffrir de cette fatigue compassionnelle. « Bien qu’il soit courant que les personnes travaillant dans des professions impliquant la guérison des autres ressentent une fatigue de compassion, cela peut arriver à n’importe qui, surtout si vous êtes ce membre de la famille, cet ami ou ce collègue vers qui tout le monde se tourne pour obtenir des conseils et du soutien« , explique le Dr Shakira Espada-Campos à Very Well Mind.

Quels sont les symptômes d’une fatigue compassionnelle ?

Les signes varient d’une personne à l’autre. Elle peut se manifester par un sentiment d’épuisement à la fois émotionnel, physique et psychologique, un détachement, de l’apathie, des ruminations et des inquiétudes excessives. Les symptômes peuvent aussi prendre la forme de colère, d’hypervigilance, d’insomnie, d’isolement. D’autres peuvent ressentir un sentiment de tristesse ou d’impuissance. « Le signe révélateur est un sentiment d’engourdissement ou un manque d’empathie face à la souffrance des autres. Vous pouvez vous sentir agacé, irritable, critique ou triste. Vous souhaitez peut-être continuer à aider, mais vous avez l’impression de n’avoir plus rien à offrir », explique l’expert. Par ailleurs, l’usure de compassion se « caractérise également par un stress traumatique secondaire. Elle présente des similitudes avec le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et peut impliquer des cauchemars, des troubles du sommeil et des pensées intrusives liées au traumatisme secondaire », ajoute Kendra Cherry, éducatrice en psychologie auprès de Very Well Mind.

Comment s’en prémunir ?

Pour la psychologue Caroline Damiani qui s’exprime au micro de France Culture, ce trouble « pose justement la question des mécanismes de défense, de protection et d’étanchéité dans ces métiers où l’on est exposé aux traumatismes des victimes ». Elle ajoute : « On est toujours sur une corde raide, à savoir, comment ressentir de l’empathie et s’identifier un peu, ce qui est indispensable, et comment garder une distance afin de se protéger ». Pour les personnes qui viennent en aide à une victime de traumatisme, la première étape est de fixer des limites et d’apprendre à reconnaître et accepter ce que l’on ne peut pas contrôler. « Prenez du recul pour travailler sur votre propre bien-être mental lorsque vous vous sentez dépassé ou ressentez des émotions négatives », conseille le docteur Espada-Campos. Elle ajoute : « Prévenir ou surmonter l’usure de compassion repose sur l’auto-soin. Votre bien-être physique, émotionnel et psychologique doit être sous contrôle avant de pouvoir aider les autres ». Au moindre signe d’anxiété, de stress intense, de détresse ou de dépression, il est important de faire appel à un professionnel pour sortir de cette situation.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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