• La Haute cour militaire de la République démocratique du Congo a condamné Joseph Kabila à la peine capitale.
  • Il est accusé de « trahison » et de « crimes de guerre » envers l’État congolais.
  • La décision rendue le mardi 30 septembre est contestée par les opposants au régime.

Il était l’homme fort de la République démocratique du Congo entre 2001 et 2019. Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), a écopé de la plus lourde peine possible, le mardi 30 septembre, par la Haute cour militaire. Jugé coupable de « trahison » et de « crimes de guerre », il ne s’est pas présenté à son jugement, comme à l’ensemble de son procès. En exil depuis plus deux ans, Joseph Kabila dénonce un procès politique fomenté par ses opposants. Aujourd’hui âgé de 54 ans, l’ancien chef d’État a connu une carrière particulièrement mouvementée, depuis son accession imprévue au pouvoir jusqu’aux violations des droits de l’homme avérées dans son pays. Retour sur son parcours. 

Près de 2 décennies au pouvoir

Joseph Kabila n’était pas destiné à gouverner. Son père, Laurent-Désiré Kabila, met fin au règne de Mobutu par un coup d’État en 1997. Un renversement qui prend rapidement des allures d’autocratie avec des nominations arbitraires à des hauts postes et des condamnations d’opposants. Quatre ans après, celui qui était surnommé « le Sage » est assassiné dans des circonstances encore troubles. L’entourage du défunt propulse d’emblée son fils, Joseph Kabila, au pouvoir, sans consulter la population. Âgé de 30 ans et inexpérimenté, ce dernier prend ses fonctions en pleine deuxième guerre du Congo, au cours de laquelle les groupes armés déchirent le pays. Contre toute attente, il parvient à obtenir un cessez-le-feu en 2002, ce qui lui vaudra une notoriété dans l’opinion.

Mais, à son tour, la présidence de Joseph Kabila, est marquée par de graves dérives. Son régime est accusé par la communauté internationale de violations des droits de l’homme : enlèvements d’opposants politiques, répression de toute forme de contestation ou encore usage courant de la torture. L’élection présidentielle qui lui offre un second mandat en 2011 est également entachée de soupçons d’irrégularités. 

Il n’est pas exclu qu’un coup d’État se prépare dans les mois à venir

Bob Kabamba

2018, le tournant. Les pressions locales et à l’étranger à l’encontre de Kabila deviennent trop vives. Ce dernier fléchit et décide de se retirer de l’élection présidentielle, qui met Félix Tshisekedi au pouvoir. Joseph Kabila ne s’efface pas pour autant et se fait élire sénateur à vie pour conserver une partie du pouvoir. La cogérance dure 2 ans, le temps pour Félix Tshisekedi de s’émanciper du joug de l’ancien chef d’État. Il l’évince progressivement du pouvoir avant de le pousser à l’exil en 2023.

Naviguant entre l’Afrique du Sud, la Zambie ou la Namibie, Joseph Kabila est désormais persona non grata en RDC. Au point que le gouvernement aurait contribué à sa condamnation à mort, selon Bob Kabamba, politologue et enseignant à l’université de Liège. « Il s’agit d’une instrumentalisation pour continuer à l’exclure. Il n’y a aucune preuve de ce que le parquet avance », analyse-t-il pour TF1info. 

Kinshasa soupçonne Kabila de soutenir activement la rébellion, dirigée par l’AFC-M23, dans l’est du pays. Et même condamné à la peine capitale, un retour par la force de l’ancien président n’est pas à éluder. « Il se retrouve dos au mur », ajoute Bob Kabamba. « Il bénéficie encore de soutien au sein de l’armée congolaise (FARDC) et partage des points de convergence avec le M23, le Rwanda et l’Ouganda. Tous veulent renverser le pouvoir en place. Il n’est pas exclu qu’un coup d’État se prépare dans les mois à venir. »

Guillaume CROS

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