Donald Trump a accusé dimanche son adversaire de vouloir « légaliser le Fentanyl ».
Une fausse information lancée par Laura Loomer, la dernière arrivée dans le cercle du candidat républicain.
Portrait de cette influenceuse d’extrême droite devenue la machine à fausses informations du camp Trump.

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Élection présidentielle américaine

Les fausses informations sont régulièrement créées de toutes pièces. Encore faut-il quelqu’un pour les produire. Aux États-Unis, les électeurs peuvent compter sur le camp Trump pour trouver la meilleure ressource en la matière. Depuis le début de la campagne électorale qui oppose l’ancien président à Kamala Harris, le candidat des républicains n’a cessé de lancer les rumeurs les plus folles au sujet de son adversaire. Après avoir assuré qu’elle défendait des migrants qui « mangent des chiens », Donald Trump a accusé Kamala Harris ce dimanche 29 septembre de vouloir « légaliser le Fentanyl », cette drogue qui fait des ravages aux États-Unis (nouvelle fenêtre)

Une fake news, imaginée en déterrant un ancien questionnaire publié en 2019. Mais comment a-t-il ressurgi ? D’après nos recherches, c’est une certaine Laura Loomer qui en est à l’origine. Dès le 10 septembre (nouvelle fenêtre), celle qui se présente comme une « journaliste d’investigation » distille la rumeur sur les réseaux sociaux et sur tous les écrans grâce à son émission en ligne « Loomer Unleashed » (Loomer se déchaine), hébergée sur la plateforme Rumble, interdite en France. Depuis, la femme de 31 ans a publié une vingtaine de messages à ce sujet sur X (nouvelle fenêtre). C’est aussi dans son esprit complotiste qu’est née l’idée d’accuser des migrants de se nourrir d’animaux de compagnie ou cette rumeur selon laquelle Kamala Harris portait des oreillettes cachées dans des boucles d’oreilles (nouvelle fenêtre)pendant le débat qui l’a opposée au candidat républicain. L’occasion de faire un zoom sur cette agitatrice d’extrême droite, dont le pedigree ferait rougir le plus fervent complotiste. 

Le trumpisme à son paroxysme

Née dans l’Arizona, Laura Loomer a toujours eu une vision toute particulière de l’information. Pendant ses études de journalisme, la jeune femme réalise en 2015 une collaboration avec un militant d’extrême droite (nouvelle fenêtre)pour piéger un responsable de la faculté. Manipulant l’extrait d’une caméra cachée, l’étudiante lui reproche de soutenir l’État islamique. Une action qui lui vaudra d’être évincée de l’établissement. C’est ainsi que celle qui rêve de journalisme quitte les bancs de la fac pour entrer dans la fachosphère américaine. Elle participe aux activités du collectif d’extrême droite « Project Veritas » et propose des sujets pour le blog InfoWars, ce site épinglé par la justice américaine pour avoir fait de la fausse information un business fructueux. (nouvelle fenêtre) Restée pendant deux ans inconnue en dehors de cette sphère, la jeune femme va gagner en visibilité en 2017, lorsqu’elle interrompt une pièce de théâtre (nouvelle fenêtre)pour défendre Donald Trump. La première d’une longue liste de frasques qui vont contribuer à son ascension en tant qu’activiste d’extrême droite.

VIDÉO – La campagne américaine en mode fake newsSource : Top Info

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Car au-delà de ces plateformes, Laura Loomer sait compter sur elle-même. Faux cils, cheveux teints et casquette vissée sur la tête, elle est aussi active derrière son écran que dans des manifestations pro-Trump. C’est là qu’elle publie un flot incessant de contenus racistes et faux. Islamophobe et « fière » de l’être, elle qualifie les musulmans de « sauvages » et demande à ce qu’aucun « autre musulman ne puisse entrer dans le monde civilisé« . Une haine telle qu’elle sera bannie des applications de VTC Uber et Lyft. « Je ne veux plus jamais soutenir un autre conducteur immigré islamiste », avait-elle réagi (nouvelle fenêtre)

Au cours des sept dernières années, Laura Loomer a également promu une flopée de théories du complot. Après la fusillade de Parkland, l’agitatrice accuse (nouvelle fenêtre)sans fondement les élèves qui s’expriment contre les armes de « lire un écran ou des notes écrites par quelqu’un d’autre ». Évidemment, elle a aussi mis en cause les résultats du vote en 2020 et participé à la diffusion de fausses informations lors de l’attaque du Capitole le 6 janvier. Alors qu’elle avait initialement décrit un « coup monté » (nouvelle fenêtre)par les démocrates, celle qui a des positions pro-russes a estimé (nouvelle fenêtre) que des « espions ukrainiens » avaient « pénétré dans le Capitole » pour semer la discorde.

La suprémaciste qui chuchotait à l’oreille de Trump

Un soutien au suprémacisme blanc et au complotisme que Laura Loomer mêle à une obsession de l’ancien président. Le 24 juin, alors qu’elle souhaite un joyeux anniversaire à son héros, elle le décrit sur X comme sa « personne préférée au monde ». Dernièrement, elle a alerté ses abonnés que si Donald Trump ne gagnait pas cette élection, « ils vont l’envoyer en prison pour le reste de sa vie et l’assassiner ». Un fanatisme tel que la jeune femme finit par attirer l’attention du camp Trump. 

En ligne, elle est régulièrement complimentée par l’ancien locataire de la Maison Blanche himself qui la remercie en personne lors d’un rassemblement chez lui, à Mar-a-Lago. Si bien qu’elle s’attire les bonnes grâces du cercle rapproché du magnat de l’immobilier. Dès la campagne de 2020, la presse américaine révèle que l’équipe du candidat républicain a fait appel à la liste de diffusion de Laura Loomer pour solliciter des dons. 

C’est trois ans plus tard qu’elle passe du statut d’agitatrice en ligne à celui d’influenceuse politique. Donald Trump Jr. déclare qu’il « adorerait » la voir devenir attachée de presse de son père pour un second mandat. En octobre dernier, le conseiller principal de la campagne de Trump, Jason Miller, apparaît dans l’émission de la suprémaciste pour la féliciter pour son soutien.

Laura Loomer publie cette photo le 14 juin 2024 pour l'anniversaire de Donald Trump, sa "personne favorite dans le monde"
Laura Loomer publie cette photo le 14 juin 2024 pour l’anniversaire de Donald Trump, sa « personne favorite dans le monde » – Laura Loomer / X

Donald Trump lui-même a un temps considéré la possibilité de donner à Laura Loomer un rôle dans sa campagne de 2024, d’après les informations du New York Times (nouvelle fenêtre), avant de faire marche arrière face à la levée de boucliers de certains conservateurs. Qu’importe. Malgré un profil clivant et des échecs électoraux à répétition, la trentenaire fait définitivement partie du cercle rapproché. Le soir du 10 septembre, elle monte dans l’avion (nouvelle fenêtre)avec le candidat et son équipe pour assister à son débat face à Kamala Harris. Le lendemain, elle se tient aux côtés de Donald Trump aux commémorations du 11-Septembre. Une présence bien ironique pour celle qui déclarait que cet attentat a « été organisé en interne par les États-Unis« . 

Des positions que Donald Trump n’a jamais condamnées. S’il cherche à prendre ses distances publiquement, évoquant des « désaccords » sur certains propos, celui qui a fait de la fake news sa marque de fabrique voit cette partisane comme un « soutien » indéfectible. Si on ne peut prédire d’un poste dans un éventuel gouvernement Trump, Laura Loomer a, sans aucun doute, toute l’attention de son candidat. Et ce depuis un certain temps. 

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Felicia SIDERIS

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