• Adoptée le 8 juillet au Parlement, la loi Duplomb continue à susciter des contestations.
  • Le sénateur Laurent Duplomb (LR) défend son texte coûte que coûte.
  • Élu de Haute-Loire, ce chef d’une exploitation laitière prône un modèle d’agriculture intensive.

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Agriculture : une pétition contre la très contestée loi Duplomb bat tous les records

Rarement un sénateur n’aura vu son nom autant cité dans le débat public. Mais la loi proposée à l’initiative de Laurent Duplomb n’en finit plus d’être contestée. Le texte « visant à lever les contraintes (nouvelle fenêtre) à l’exercice du métier d’agriculteur » – de son nom officiel – a été adoptée par l’Assemblée nationale le 8 juillet, après l’avoir été par le Sénat quelques jours plus tôt. Depuis, une pétition (nouvelle fenêtre) demandant son abrogation a recueilli plus de 1,3 million de signatures. Le sénateur LR continue, lui, à plaider le bien-fondé de sa loi.

Proche de Laurent Wauquiez

Élu au palais du Luxembourg en 2017, puis réélu en 2023, Laurent Duplomb connaît bien l’agriculture. Et pour cause, il est lui-même à la tête d’une ferme laitière de 130 vaches, comme il le rappelle régulièrement lors des débats au Sénat. Né dans la Loire, il s’est rapidement tourné vers l’élevage et s’installe en 1995 dans l’exploitation de ses beaux-parents.

Mais en parallèle du lancement de son activité, Laurent Duplomb s’engage en politique. D’abord maire de Saint-Paulien (2.400 habitants en Haute-Loire) de 2010 à 2017, il prend également des responsabilités syndicales. Il préside ainsi la section départementale des Jeunes agriculteurs, proche de la FNSEA, et dirige la chambre d’agriculture. Il a aussi fait partie du conseil de surveillance de la marque Candia. Battu aux législatives de 2007, c’est finalement vers la chambre haute du Parlement qu’il se tourne dix ans plus tard.

2017 marque pour Laurent Duplomb le début d’une ascension politique au niveau national. Il devient conseiller aux questions agricoles pour Laurent Wauquiez, dont il partage l’attachement à la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les deux hommes deviennent très proches, l’éleveur laitier défendant sa candidature face à Bruno Retailleau pour prendre la tête du parti en 2025.

Supprimer l’Agence bio

Du côté de son activité parlementaire, il s’est imposé comme l’expert agriculture de son groupe, malgré ses positions clivantes. En 2022, il publie avec deux autres sénateurs, Pierre Louault (Union centriste) et Serge Mérillou (PS), un rapport intitulé « Compétitivité de la ferme France » (nouvelle fenêtre). Selon ses conclusions, le secteur agricole et la souveraineté alimentaire française sont menacés par la concurrence extérieure, les auteurs appelant le gouvernement à faire de cet enjeu « un objectif politique prioritaire ».

Laurent Duplomb, qui se définit comme « conservateur » selon Public Sénat (nouvelle fenêtre), milite pour moins de normes dans l’agriculture, notamment en ce qui concerne l’environnement. « L’agro-écologie ? Personne n’a jamais compris ce que ça veut dire », « Ayons le courage de sortir de l’obscurantisme vert »… Il se fait remarquer pour ses discours chocs mais quand la gauche l’accuse d’être le « porte-plume officiel de la FNSEA au Sénat », il a sa réponse bien préparée : « C’est plutôt la FNSEA qui fait le lobbying de Duplomb. »

Lors des débats sur le budget 2025, l’homme aujourd’hui âgé de 53 ans dépose un amendement visant à supprimer l’Agence bio, un temps soutenu par le gouvernement. La structure est finalement sauvée. Les idées de Laurent Duplomb continuent pourtant de faire leur chemin dans l’exécutif, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, elle-même issue des Républicains, soutenant la « levée des contraintes » (nouvelle fenêtre) prônée par le sénateur.

Mais avec la médiatisation de la loi Duplomb et de la pétition la contestant, l’élu se retrouve dans la tourmente. Même dans son propre fief, la soudaine notoriété de Laurent Duplomb commence à se retourner contre lui. Au Puy-en-Velay, des apiculteurs ont récemment muré sa permanence pour protester contre l’acétamipride, un néonicotinoïde réautorisé à titre dérogatoire. Des militants écologistes demandent même à Emmanuel Macron de ne pas promulguer la loi, ce qui serait synonyme d’une cuisante défaite pour les défenseurs de l’agriculture productiviste. 

Néanmoins, ce fils d’ouvrier sidérurgiste assume de diviser. « La politique, ce n’est pas le monde des Bisounours. Ils ont leurs idées, j’ai les miennes, arrêtons de nous excuser », a-t-il un jour asséné.

Zoé SAMIN

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