Leurs portraits sont partout en Israël. Ils ornent les pancartes des manifestations quotidiennes organisées pour leur soutien. Ils passent en boucle sur les chaînes de télévision. Alors que le monde s’indigne de la catastrophe humanitaire qui s’abat sur la bande de Gaza – le nombre de 40 000 morts a été dépassé, selon le ministère de la santé sous contrôle du Hamas –, Israël, avec ces images, vit dans le traumatisme du 7 octobre 2023, la plus terrible attaque de son histoire jamais subie sur son territoire, lors de laquelle 1 200 personnes ont été tuées et plus de 250 capturées.

Personne enlevée (y compris dépouilles de
personnes tuées)

Personne tuée lors de l’attaque du 7
octobre 2023

Attaque du Hamas, entre le 7 et le 9
octobre 2023

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avoir des informations sur les otages

Nir Oz

Ce kibboutz, établi en 1955 à moins de
3 kilomètres de la bande de Gaza, comptait quelque 400 habitants. Environ
un quart d’entre eux ont été assassinés, enlevés ou blessés très grièvement lors de
l’attaque du 7 octobre.

Trente-six habitants de Nir Oz sont
toujours retenus à Gaza : parmi eux, une vingtaine dont la mort a été confirmée par les
autorités israéliennes et les deux derniers enfants toujours captifs, Ariel et Kfir Bibas,
dont la mort a été annoncée le 29 novembre par le Hamas à la suite d’un bombardement
israélien à Khan Younès, sans être confirmée par Israël.

Festival de Nova

Ce festival de musique électronique se tenait
à proximité du kibboutz de Réïm, et se poursuivait au petit matin du
samedi 7 octobre 2023, lorsque les commandos du Hamas ont pénétré en territoire
israélien. Environ 3 500 personnes y participaient. 364 d’entre elles ont été
assassinées – soit plus du quart du total des victimes – et plus d’une quarantaine ont été
kidnappées. Israël doit encore obtenir la libération de dix-huit otages enlevés sur les
lieux du festival, ainsi que la restitution des dépouilles de plusieurs participants morts le
7 octobre ou au cours de leur captivité. Neuf d’entre eux ont été libérés, dont cinq lors
de la trêve temporaire de fin novembre 2023 et quatre au cours d’opérations de l’armée
israélienne.

Beeri

Dans ce kibboutz de
1 100 habitants, qui fêtait son 77e anniversaire la veille de
l’attaque du Hamas, vivaient de nombreuses femmes et hommes de gauche, engagés pour les droits
des Palestiniens. Le 7 octobre 2023, un habitant sur dix y a été tué et
plus de trente personnes ont été enlevées . Au 3 septembre, les familles attendaient le retour de trois d’entre elles, ainsi que la restitution de plusieurs dépouilles.

Base de Nahal Oz

Située à moins d’un kilomètre de la frontière
avec Gaza, à proximité du kibboutz de Nahal Oz, cette base hébergeait l’unité 414 du Corps
de défense des frontières, chargée de la surveillance des frontières et composée essentiellement
de femmes. Au moins trois mois avant l’attaque du Hamas, ces soldates avaient signalé des
événements inhabituels à la frontière de Gaza, sans que cela soit pris en compte par les
responsables des renseignements. Lors de l’attaque du 7 octobre, quinze d’entre elles ont
été tuées, et six ont été prises en otage, cinq le sont toujours, ainsi que
deux habitants du kibboutz.

Kfar Aza

Fondé en 1951, ce kibboutz comptait
700 habitants. Lors de l’attaque du 7 octobre, les hommes du Hamas ont tué au moins
51 personnes, et pris en otages une vingtaine d’habitants, principalement femmes, enfants
et personnes âgées. Le 15 décembre, deux otages originaires de Kfar Aza ont été tués
par erreur par l’armée israélienne, à Gaza, ainsi qu’un ouvrier agricole enlevé dans le kibboutz
de Nir Am. Cinq personnes sont toujours otages à Gaza.

Sdérot

Cette ville-frontière, située à seulement
1 km du nord de la bande de Gaza, vivait depuis des années sous la menace des roquettes du
Hamas. Le 7 octobre, les combattants du Hamas y pénètrent en tuant de nombreux civils, dont
les 15 passagers d’un minibus touristique, des retraités se rendant à la mer Morte, avant
d’attaquer le poste de police local. Aucune personne n’y a été enlevée et emmenée à Gaza.

Des quelque 34 000 personnes qui
vivaient dans la ville avant l’attaque du Hamas, il n’en reste plus que quelques milliers.

Travailleurs thaïlandais

La Thaïlande est le deuxième pays le plus
représenté au sein des otages toujours aux mains du Hamas, avec huit ressortissants. Les
travailleurs immigrés thaïlandais représentent le premier contingent de travailleurs agricoles
étrangers en Israël : avant l’attaque du Hamas, environ 30 000 étaient employés
dans les fermes et les kibboutz, dont 5 000 autour de la bande de Gaza. Ils y ont
remplacé la main-d’œuvre palestinienne, dont les permis de travail ont été limités ces vingt
dernières années.

Trente-neuf ressortissants thaïlandais
ont été tués lors de l’attaque du 7 octobre, et une trentaine d’entre eux ont été
enlevés : 23 d’entre eux ont été libérés, lors de la trêve temporaire de
novembre 2023.

Autres travailleurs thaïlandais enlevés dans
les territoires limitrophes de la bande de Gaza (lieu précis inconnu)

Soldats israéliens

D’après un décompte de l’armée israélienne,
au moins 306 soldats en service ont été tués lors de l’attaque du Hamas, entre le 7 et
le 9 octobre 2023. Vingt soldats et dépouilles ont été emmenés dans la bande de
Gaza. Parmi les militaires, exclus des négociations sur les otages entre le Hamas et l’Etat
d’Israël, quatorze s’y trouvent toujours (dont 5 soldates de Nahal Oz).

Autres soldats en service enlevés dans les
territoires limitrophes de la bande de Gaza (lieu précis inconnu)

Sources : oct7map.com ;
collectif7octobre.org ; ministère des affaires étrangères israélien ; OpenstreetMap ;
Haaretz, Le Monde

Partie intégrante de l’attaque du Hamas, la prise d’otages du 7 octobre 2023 demeure au cœur de la vie politique israélienne. Dimanche 1er septembre, l’armée israélienne a annoncé avoir récupéré les dépouilles de six de ces otages dans le sud de la bande de Gaza, tués d’« une balle dans la nuque », selon le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui reprenait les conclusions du ministère de la santé israélien, lequel a autopsié les corps. Le négociateur en chef du Hamas, Khalil Al-Hayya, a affirmé de son côté qu’un « bombardement » israélien était à l’origine de leur mort. Cette découverte a suscité une vive émotion chez les familles d’otages, qui font la pression sur le gouvernement pour obtenir la libération de leurs proches en l’échange d’une trêve à Gaza. Lundi 2 septembre, le chef de la Histadrout, la puissante centrale syndicale israélienne, a même appelé les Israéliens à la grève générale pour exiger un accord sur la libération des otages. 101 personnes, dont un tiers sont considérées comme mortes, resteraient retenues à Gaza.

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En échange des otages israéliens, le Hamas réclame la libération de centaines de prisonniers palestiniens – y compris des cadres comme Marwan Barghouti, membre du Fatah, l’un des hommes politiques les plus populaires de Palestine –, le retrait des forces israéliennes de Gaza, un cessez-le-feu durable et la reconstruction de l’enclave – détruite à quelque 70 %, selon l’ONU.

Parmi les points d’achoppement entre Israël et le Hamas, il en est un, particulièrement saillant : celui du corridor de Philadelphie, ce ruban de terre qui court le long des 14 kilomètres de frontière commune entre la bande de Gaza et l’Egypte. L’armée israélienne en a pris le contrôle fin mai, contre tous les avis, notamment ceux de l’Egypte et des Etats-Unis, pour qui ce maintien constituait une potentielle ligne rouge. Le Hamas, désormais, refuse de s’engager dans des négociations si l’armée israélienne demeure basée le long du corridor.

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