Amichai Lau-Lavie à Central Park, à New York, le 28 août.

Amichai Lau-Lavie est rabbin, israélien, américain, père de famille, gay et… drag-queen. Dès l’âge de 13 ans, le jour de sa bar-mitsva, le jeune homme comprend que sa personnalité est incompatible avec la « bulle orthodoxe » dans laquelle il avait grandi. « Je chantais le passage de la Torah qui m’avait été attribué : un extrait du livre du Lévitique qui disait que, en tant qu’homosexuel, j’étais une abomination et méritais d’être anéanti. Je me souviens d’avoir pensé : “Que faire de ça ?” » La vie qu’il s’est construite depuis, faite d’affranchissements successifs et d’engagements dans un contexte de questionnements autour du judaïsme et du sionisme, autant que de tensions grandissantes au sein de l’Amérique de Donald Trump, est une réponse à cette question existentielle.

Né en Israël il y a cinquante-six ans, celui qui s’appelait alors Ami Lau a grandi à Bnei Brak, à l’est de Tel-Aviv, dans une famille orthodoxe descendante, dit l’histoire, de trente-huit générations de rabbins. Son père, survivant de la Shoah, né en Pologne en 1926, s’est installé en Israël en 1945 (il est mort en 2014). Sa mère, anglaise, y est arrivée quelques années plus tard. Le clan est religieux, pratiquant, sioniste, conservateur, et le destin des quatre garçons de la fratrie semble devoir suivre le modèle traditionnel des hommes de sa famille. Mais voilà, Amichai Lau-Lavie est « une multitude ». « J’ai quantité d’identités », confie-t-il. Son patronyme se compose de celui de son père (Lau, qui veut dire « lion » en polonais) et d’une addition familiale datant de l’arrivée en Israël (Lavie signifie également « lion » en hébreu). A 16 ans, il allonge son prénom originel, Ami, et devient Amichai : « Je trouvais que ça faisait plus sérieux. »

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