Rachida Dati veut devenir la prochaine maire de Paris. C’est son obsession. Plus les embûches s’accumulent sur sa route, plus la ministre de la culture assume la transgression. En se déclarant, lundi 28 juillet, candidate à la députation dans la 2ᵉ circonscription de Paris, sans attendre le résultat de la commission nationale des Républicains, qui a préféré investir Michel Barnier, elle a fait un bras d’honneur à son ancien colistier dans la campagne des européennes de 2009 et réinstillé à droite le poison de la division. Bien malin qui peut savoir si elle est encore membre de ce parti ou ralliée à la Macronie. L’ancienne disciple de Nicolas Sarkozy ne roule désormais que pour elle-même.

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Parmi les nombreux adversaires qu’elle aime se fabriquer, Rachida Dati compte aussi les juges. Renvoyée devant le tribunal correctionnel pour « corruption » et « trafic d’influence », mardi 22 juillet, parce qu’elle est soupçonnée d’avoir pratiqué un lobbying illégal au Parlement européen en faveur de Carlos Ghosn, l’ancien patron de Renault-Nissan, en contrepartie de 900 000 euros d’honoraires, la ministre de la culture a contre-attaqué sur le mode sarkozyste. Dénonçant une « procédure émaillée d’incidents », elle a tenté de mettre en porte-à-faux le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, avec le parquet sur lequel il a autorité. Le premier ministre, François Bayrou, a dû rappeler à l’ancienne garde des sceaux ce qu’elle n’aurait pas dû feindre d’ignorer : le respect de l’institution judiciaire est « un devoir d’Etat ».

Protégée par le président de la République, soutenue par l’actuel ministre de la justice, Gérald Darmanin, Rachida Dati hérisse la gauche, mais son cas divise aussi la droite, le gouvernement, le parti présidentiel et les autres formations du bloc central. Pour les uns, elle fait figure d’atout électoral à ne pas négliger, pour les autres de dangereuse pyromane prête à exploiter tous les ressorts populistes de l’époque : méfiance à l’égard des juges, de la presse, des élites, du « système ». Si elle est votée, la loi « Paris-Lyon-Marseille » modifiant les modes d’élection des maires des trois villes, en cours d’examen au Parlement, lui permettrait de circonscrire les barons locaux qui s’opposent à son ascension parisienne depuis qu’elle s’est elle-même enracinée dans le 7e arrondissement.

La ministre de la culture, Rachida Dati, à Sylvanès (Aveyron), le 29 juillet 2025.

Le libre champ qu’elle est parvenue à se tailler en étant à la fois populaire et disruptive est indéniable, mais il y a des bornes à ne pas franchir. Il y a un fond d’air trumpiste dans la façon dont Rachida Dati mène le combat politique : une seule vérité, la sienne ; des menaces contre ceux qui osent la questionner, à l’instar de celles proférées contre le journaliste Patrick Cohen, le 18 juin, dans l’émission « C à vous » ; l’artillerie lourde contre les juges… Précédant d’un an la campagne présidentielle de 2027, les élections municipales de mars prochain donneront une indication précieuse sur la tonalité du débat politique, alors que désormais toute une partie de la droite et de l’extrême droite prend aussi pour cibles l’institution judiciaire et l’Etat de droit.

Rendue inéligible pour cinq ans par sa condamnation, en première instance, dans l’affaire des assistants parlementaires européens du FN, Marine Le Pen vient de déclarer qu’en cas de dissolution et de nouvelles élections législatives elle ferait acte, malgré tout, de candidature, avec l’intention de s’appuyer sur sa base électorale pour exercer une pression maximale sur le juge électoral et le Conseil constitutionnel. Naguère, ce genre de déclaration déclenchait un tollé, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

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Le Monde

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