- L’équipe gouvernementale de Sébastien Lecornu a été annoncée ce dimanche 5 octobre, déclenchant des salves de critiques à gauche comme du côté du RN.
- En cause, le maintien de nombreux ministres du précédent gouvernement.
- La menace d’une censure reste d’actualité, et même pour certains dès le discours de politique générale du nouveau Premier ministre devant le Parlement, en début de semaine.
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Sébastien Lecornu a enfin un gouvernement, après 26 jours de consultations
Fraîchement nommés, les ministres auront la mission de « trouver des compromis avec nos oppositions »
, a affirmé le Premier ministre Sébastien Lecornu. Mais la tâche sera loin d’être aisée. Dans les rangs de la gauche et du Rassemblement National, à l’extrême droite, les critiques ont fusé après l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale (nouvelle fenêtre) ce dimanche 5 octobre. Et les menaces de censure de ce nouvel exécutif sont maintenues.
Depuis l’Élysée, le secrétaire général de la présidence Emmanuel Moulin a dévoilé 18 noms, la plupart connus (nouvelle fenêtre), avec la reconduction de 12 ministres de la précédente équipe de François Bayrou, pourtant renversée il y a moins d’un mois par l’Assemblée nationale. Parmi eux, Bruno Retailleau à l’Intérieur, Gérald Darmanin à la Justice, Elisabeth Borne à l’Éducation nationale ou encore Catherine Vautrin au Travail et à la Santé. Un tiers de membres sont toutefois nouveaux, mais certains étaient déjà issus d’un précédent gouvernement macroniste, comme Bruno Le Maire, nommé aux Armées (nouvelle fenêtre).
« Tout nous incite » à voter la censure, prévient le PS
Un choix immédiatement condamné par de nombreuses voix dans l’opposition, notamment à gauche, chez les socialistes, avec qui Sébastien Lecornu espère pourtant négocier (nouvelle fenêtre). « Ils se font renverser, mais restent en poste »
, a protesté le chef de leurs députés Boris Vallaud, fustigeant l’« obstination »
des macronistes qui « plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos »
.
Invité sur LCI, Arthur Delaporte, député du Calvados et porte-parole du parti, a assuré que « tout nous incite »
à voter la censure. « Je ne vois rien d’autre qu’une absence totale de rupture »
, a-t-il lancé, ajoutant qu’un vote de censure dès le discours de politique générale du Premier ministre, mardi à l’Assemblée nationale, est « sur la table »
(nouvelle fenêtre). « Si c’est pour laisser trois semaines, un mois de plus à Sébastien Lecornu, pour derrière le censurer, c’est un mois de perdu pour le pays »
, a-t-il insisté.
Du côté des Insoumis, le ton est plus rude encore. Leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a fustigé sur X un « cortège de revenants à 80 % de LR et anciens LR »
, et assuré que « le compte à rebours pour les chasser tous est commencé »
. « Lecornu doit être censuré. Macron doit être destitué »
, a aussi lancé la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot, tandis que le président de la Commission des Finances, Eric Coquerel, a lui promis sur LCI (nouvelle fenêtre) de « censurer au plus vite »
le gouvernement. « S’il n’y a pas de vote de confiance, on censure »
, a ajouté le député de Seine-Saint-Denis, exhortant à organiser une « présidentielle »
.
Quant aux Écologistes, leur numéro 1 Marine Tondelier n’a pas évoqué à proprement parler la censure, mais elle a estimé sur X que « Sébastien Lecornu a reconduit la quasi-intégralité du gouvernement Bayrou, comme si de rien n’était »
, l’accusant de franchir « un nouveau palier »
dans le « mépris pour la démocratie »
. Fabien Roussel, à la tête du PCF, a accusé quant à lui l’exécutif d’aller « toujours plus loin dans la provocation »
. « Que la gauche se retrousse les manches et prépare la suite. Basta ! »
, a renchéri le sénateur communiste Ian Brossat, toujours sur X.
« La rupture, ou la censure », martèle le RN
À l’autre bout de l’hémicycle, dans les rangs du RN, la nomination du nouveau gouvernement est également loin d’avoir convaincu. « Le gouvernement annoncé ce soir, composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse, a décidément tout de la continuité, absolument rien de la rupture que les Français attendent »
, a assené sur le réseau social son président Jordan Bardella, qui a maintenu la menace de faire tomber l’exécutif : « Nous l’avions dit clairement au Premier ministre :
c’est la rupture, ou la censure
(nouvelle fenêtre)«
.
« Le choix de ce gouvernement à l’identique, assaisonné de l’homme qui a mis la France en faillite est pathétique »
, a appuyé la cheffe de file des députés, Marine Le Pen. « Avec le soutien de LR, Macron et Lecornu ont ignoré ce soir la volonté de nos compatriotes qui réclament une rupture franche avec le macronisme »
, a aussi cinglé le parti dans une déclaration. Face à cette situation, les deux dirigeants se réuniront lundi à 11 heures au siège du RN, avant une réunion de groupe à 17 heures avec tous les députés.
De son côté, Sébastien Lecornu a défendu son équipe. Elle « rassemble et ressemble au socle commun qui nous soutient au Parlement »
, « pas de surprise »
, a-t-il lancé sur son compte X. Les ministres « devront trouver des compromis avec nos oppositions »
dans le cadre des débats sur le budget à venir ces prochaines semaines, et « sans 49-3, le Parlement aura le dernier mot : la vraie rupture est celle-là »
, a aussi promis le nouveau chef de l’exécutif. Mais son équipe gouvernementale a déjà vacillé. Dans la soirée, Bruno Retailleau a livré une lourde charge contre cette composition, qui selon lui « ne reflète pas la rupture promise »
, annonçant consulter le « comité stratégique »
de son parti LR lundi matin.