Insatisfaits pas leur emploi, de plus en plus de jeunes salariés se livrent au « rage applying ».
Cette pratique consiste à postuler un grand nombre d’emplois, tous azimuts, sans réfléchir.
Elle est révélatrice du mal-être des salariés, mais aussi des conditions de travail parfois difficiles.

Après le conscious quitting ou le quiet quitting, un autre terme fait son apparition dans le monde du travail, révélateur de l’état d’esprit des salariés. De plus en plus de jeunes travailleurs ressentent mal-être, stress, anxiété, colère et détachement face à leur emploi. Face à cette colère et dans l’impossibilité de démissionner, certains s’adonnent au rage applying.

Postuler de manière compulsive

Très populaire sur TikTok, le rage applying consiste à postuler un grand nombre d’offres d’emploi de manière compulsive et sans réfléchir. Pourquoi ? Pour soulager l’insatisfaction professionnelle et la frustration causée par des conditions de travail qui ne conviennent pas ou plus. Pour Amy Zimmerman, directrice du personnel chez Relay Payment, interrogée par CNBC : » Postuler de nouvelles fonctions parce que vous êtes frustré par votre salaire, votre manager, vos collègues… sont des raisons ancestrales pour lesquelles les employés ont toujours cherché à changer de travail ». Rien de nouveau sous le soleil, mais ce phénomène de « candidature enragée » se développe de plus en plus parmi la Génération Z. « De nombreux jeunes ont déclaré s’être sentis en burn out au cours des derniers mois. Près de la moitié des moins de 30 ans déclarent souffrir de stress, contre seulement 20 % des plus de 50 ans« , explique le spécialiste de la Génération Z, Simon Schnetzer, à Die Zeit. Contrairement aux générations précédentes, les jeunes travailleurs « recherchent davantage d’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle, aspirent à être traités en égaux » et souhaitent que leur emploi ait un sens.

Perte de sens et envie de « contrôle »

Le rage applying est souvent révélateur d’un environnement professionnel toxique ou d’une charge de travail trop importante pour les salariés, note une enquête menée par le cabinet de recrutement Walters People. La candidature permet de donner l’illusion de contrôle pour les salariés ou d’évacuer la frustration, sans démissionner pour autant. Néanmoins, si cela soulage sur le moment, cela ne règle pas le problème. Cela peut provoquer une perte de confiance en soi, une dégradation de la santé mentale et une dégradation de la productivité. Par ailleurs, postuler sous le coup de la colère peut aussi pousser l’individu à quitter un poste pour une nouvelle entreprise qui ne convient pas, voire qui est pire.

Par ailleurs, le phénomène de rage applying peut avoir des conséquences pour les entreprises qui peuvent se retrouver noyées sous l’afflux des candidatures parfois peu pertinentes. « La forte tension qui règne actuellement sur le marché de l’emploi met les entreprises dans une position parfois délicate, elles ne peuvent donc pas se permettre de laisser se développer le rage applying », ajoute Stéphanie Richard, Directrice de Walters People à 20 Minutes. Quant aux salariés frustrés, il est important de pouvoir parler aux supérieurs et faire part des problèmes qu’ils peuvent ressentir. « L’entreprise doit alors tout faire pour créer les plus belles alchimies grâce à un environnement convivial, social et inclusif. C’est un élément sur lequel il convient de réfléchir avec attention, précision et sensibilité ».


Sabine BOUCHOUL

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