Une femme transporte du charbon de bois vers le marché de Kibati, le 13 janvier 2023. Avec la résurgence de la rébellion du M23 au nord de la ville de Goma, des dizaines de milliers de personnes se sont entassées dans des camps de fortune près du volcan Nyiragongo.

Le troupeau d’éléphants du parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est-il toujours le plus grand d’Afrique ? Depuis que les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sont entrés dans la localité de Rwindi, mi-mars, seule une poignée d’écogardes assure la surveillance des 600 pachydermes qui avaient migré depuis l’Ouganda pour s’installer côté congolais en 2020. Des animaux de plus en plus exposés au braconnage, déplore la direction de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), sans pouvoir préciser combien ont été tués faute de suivi.

Au cœur des conflits entre armées et milices qui déchirent la région des Grands Lacs depuis trente ans, le parc des Virunga n’est pas épargné par les combats qui opposent les insurgés du M23 épaulés par le Rwanda et les Forces armées congolaises alliées à des groupes progouvernementaux. Au risque de remettre en cause les fragiles avancées en matière de protection de l’environnement observées dans le parc de 7 800 kilomètres carrés ces dernières années.

Au sud des plaines de Rwindi, l’essentiel du territoire qui recouvre les flancs des volcans et les forêts tropicales « est aussi sous emprise du M23 », pointe Corneille Semakuba, coordinateur au Centre de recherche sur l’environnement, la démocratie et les droits de l’homme. La rébellion contrôle également la zone où vivait près d’un tiers de la population mondiale des gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) avant le début de la guerre. « Aucun massacre n’a été rapporté récemment, mais il est difficile de dire combien sont encore côté RDC puisque c’est quasi inaccessible », poursuit Jérôme Lombart, directeur des programmes du parc.

Un peu plus d’un millier de gorilles de montagne

Ces primates sont installés dans le massif des Virunga, entre la RDC et le Rwanda, et dans la forêt de Bwindi, en Ouganda. Selon les dernières estimations, il en reste un peu plus d’un millier sur la planète. Cette espèce « en danger », selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, a connu une croissance démographique inespérée au cours de la dernière décennie. Un succès qui attirait les touristes – près de 3 000 chaque année – avant la fermeture en mars 2020 à cause du Covid-19.

« Environ 40 % des revenus du parc ont disparu du jour au lendemain », indique Olivier Mukisya, le porte-parole des Virunga. Les autres attractions qui faisaient la réputation du parc n’ont pas rouvert, à l’exception du campement de Tchegera, une île du lac Kivu connue pour sa forme en croissant. Le trek pour gravir le volcan Nyiragongo et observer son lac de lave – le plus grand du monde – n’était plus praticable à cause de la dernière éruption de mai 2021 et se trouve aujourd’hui en zone M23.

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