Une forêt d’épicéas attaquée par des scolytes, dans les Ardennes (France), en février 2021.

Les épicéas sont ravagés par le scolyte, un insecte qui prolifère à la faveur d’hivers doux ; les sapins tombent sous l’effet de la sécheresse. A Lemuy (Jura), 70 % de la forêt communale est fragilisée par le dérèglement climatique. En cinq ans, les recettes issues de la forêt ont été divisées par trois, et la municipalité a dû s’endetter lourdement.

Comme ce village, entre 8 % et 12 % des communes forestières sont dans une situation de précarité financière, qui les empêche d’investir pour adapter leurs massifs à la hausse des températures et au manque d’eau. Ce cercle vicieux est l’un des constats dressés par la Cour des comptes, mardi 12 mars. Dans le chapitre consacré à la forêt du rapport sur l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique, elle démontre que le soutien de l’Etat est insuffisant pour aider ces collectivités, mais aussi l’ensemble des propriétaires forestiers, à faire face « à l’intensification et à l’accélération » des effets du réchauffement.

Les premières mesures concernant l’adaptation n’ont commencé à être mises en œuvre que tardivement, en 2021. Dans le cadre du programme France Relance, 166 millions d’euros de crédits ont été engagés sur deux ans en faveur du renouvellement forestier. La Cour estime que ce montant est limité, au regard des dépérissements : alors que 60 000 hectares de forêt publique ont été détruits depuis 2018, il ne permettra d’en reconstituer que 15 000.

Diversifier les essences

Surtout, l’instance juge que ces aides ne visent pas juste, puisqu’elles sont d’abord utilisées pour renouveler des peuplements à faible valeur économique, plutôt que des massifs dépérissants, et qu’elles reposent sur des critères de diversification trop peu contraignants. En 2022, l’ONG environnementale Canopée avait déjà dénoncé le fait que le plan de relance finance en très grande majorité des plantations en monoculture, notamment de sapins de Douglas. La diversification est considérée comme l’un des leviers majeurs pour favoriser la résilience des massifs.

La Cour des comptes estime toutefois que le plan France 2030, qui a succédé à France Relance, intègre davantage les enjeux d’adaptation, même si les montants mobilisés restent faibles. De même, le soutien public à la recherche sur l’adaptation de la forêt est jugé trop modeste pour permettre d’apporter des réponses fiables aux propriétaires, qui s’interrogent sur les choix d’essences ou de pratiques sylvicoles à privilégier.

Concernant la lutte contre les incendies, des moyens supplémentaires ont bien été annoncés après les feux spectaculaires de l’été 2022. Le pays manque cependant d’un personnel formé pour occuper des postes stratégiques au sein de la sécurité civile, de Météo France ou de l’Office national des forêts (ONF), ces besoins n’ayant pas été anticipés.

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