• Le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître un État palestinien en septembre.
  • De Mitterrand à Hollande, en passant par Chirac et Sarkozy, la France plaide depuis longtemps pour une solution à deux États.

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La France va reconnaître l’État de Palestine

Face au désastre humanitaire à Gaza (nouvelle fenêtre), et devant l’impasse diplomatique, Emmanuel Macron a annoncé le 24 juillet dernier son intention de reconnaître un Etat de Palestine (nouvelle fenêtre) lors de l’Assemblée générale de l’ONU qui doit se tenir en septembre prochain à New York, aux États-Unis. « Il n’existe pas d’alternative » à la solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité, a martelé, lundi 28 juillet, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à l’ouverture d’une conférence internationale coprésidée par Paris et Ryad (nouvelle fenêtre) pour sortir de l’impasse et mettre fin au conflit israélo-palestinien.

La France plaide depuis longtemps pour la reconnaissance d’un Etat palestinien. C’est même le premier pays occidental à affirmer dès les années 1970 devant les Nations unies la nécessité de reconnaître les droits du peuple palestinien, une ligne que la France a continué de défendre jusqu’à aujourd’hui. 

Le 4 mars 1982, moins d’un an après son élection, François Mitterrand défend pour la première fois, devant le Parlement israélien, le principe d’un État palestinien. « Le dialogue suppose que chaque partie puisse aller jusqu’au bout de son droit. Ce qui, pour les Palestiniens, comme pour les autres, peut le moment venu signifier un État », déclare-t-il. Deux ans plus tôt, les efforts diplomatiques de Paris avaient abouti à la déclaration du sommet de Venise qui affirmait la nécessité d’associer à toute négociation de paix l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat. 

Le chef d’État palestinien et dirigeant de l’OLP, Yasser Arafat, rencontre le président François Mitterrand à l’Élysée, à Paris, le 2 mai 1989. – POOL / AFP

La première visite officielle du chef de l’OLP en France n’aura lieu que plusieurs années plus tard. Le président François Mitterrand le reçoit à l’Élysée, à Paris, le 2 mai 1989. À cette occasion, le leader palestinien déclara que la charte de l’OLP – adoptée en 1964 et amendée en 1968 et qui stipule implicitement la destruction d’Israël – est « caduque ».

Le président français Jacques Chirac embrasse un enfant palestinien sous le regard du président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie, le 23 octobre 1996. - OSAMA SILWADI / AFP
Le président français Jacques Chirac embrasse un enfant palestinien sous le regard du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie, le 23 octobre 1996. – OSAMA SILWADI / AFP

En 1995, lorsque Jacques Chirac arrive au pouvoir, les accords d’Oslo (nouvelle fenêtre) viennent d’être signés et doivent aboutir à une résolution du conflit. Le président Jacques Chirac se rend l’année suivante dans les territoires palestiniens où il reçoit un accueil triomphal (nouvelle fenêtre). Ce jour-là, il qualifie de « provocation » la façon dont les services de sécurité israéliens l’entourent pendant une visite dans la vieille ville de Jérusalem, l’empêchant d’avoir des contacts avec les Palestiniens. Une scène qui a fait le tour du monde.

Huit ans plus tard, en octobre 2004, le président français prend la décision d’accueillir en France Yasser Arafat, retenu à Ramallah (Cisjordanie) par Israël depuis près de trois ans, pour qu’il se fasse soigner après une brusque dégradation de son état de santé. Suite à son décès, le 11 novembre de la même année, la France lui rend un hommage solennel, digne d’un chef d’État.

Il ne peut pas y avoir de paix – même si je sais combien le sujet est douloureux – sans la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de deux États

Nicolas Sarkozy

C’est ce qu’avait également dit Nicolas Sarkozy devant le Parlement israélien en 2008. « Il ne peut pas y avoir de paix – même si je sais combien le sujet est douloureux – sans la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de deux États et la garantie de la liberté d’accès aux lieux saints pour toutes les religions », déclare le président français. 

En novembre 2013, François Hollande, en visite au Proche-Orient, défend à nouveau la ligne « deux États pour deux peuples » et plaide pour l’arrêt de la colonisation des territoires occupés, ainsi qu’un partage de Jérusalem comme capitale des deux États.

Un an plus tard, en novembre 2014, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, défend à nouveau cette ligne. Il y aura « à un moment, c’est une évidence, reconnaissance de l’État palestinien par la France (…). La question, c’est quand et comment ? », avait-il lancé. Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d’annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d’un État palestinien ne soit physiquement impossible gagne du terrain.

Matthieu DELACHARLERY

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