
A chaque été son lot de reprises cinématographiques. En ce mois de juillet, la plus importante, tant en nombre de films que par l’envergure du cinéaste, est celle proposée, depuis mercredi 9 juillet, par le distributeur Tamasa, après avoir été présentée au festival de La Rochelle, qui s’est clos le 5 juillet. Consacrée aux deux premières décennies de travail de Claude Chabrol (1930-2010), elle est axée autour de deux facettes de son cinéma. La première, représentative de la Nouvelle Vague, a notamment donné Le Beau Serge (1958), Les Cousins (1959), Les Bonnes Femmes (1960) et Les Godelureaux (1961). La seconde, fruit de sa collaboration avec le producteur André Génovès (1941-2012), est sa plus faste, malgré les hauts et les bas. Elle a laissé Les Biches (1968), La Femme infidèle (1969), Que la bête meure (1969), Le Boucher (1970), La Rupture (1970), Juste avant la nuit (1971), Les Noces rouges (1973). Entre ces deux pans, l’ovni cinématographique qu’est Landru (1963), coécrit avec Françoise Sagan.
Comme Balzac, maître à penser du cinéaste, Chabrol ne cesse de décrire les mœurs et, par là, la médiocrité des humains. La bourgeoisie pompidolienne, celle d’une France industriellement triomphante, est sa cible de prédilection, étant lui-même issu d’un milieu bourgeois. Mais c’est aussi une atmosphère cinégénique. Les tables sont dressées parfaitement, le mobilier est tantôt XVIIIe dans Les Noces rouges, tantôt contemporain dans Juste avant la nuit… Dans Les Godelureaux, Ronald (Jean-Claude Brialy), dandy désœuvré, surgit dans une réception caritative et offusque la petite société bourgeoise. « Vous croyez apaiser votre conscience en bouffant des petits fours mais c’est la vanité qui vous anime », lance-t-il face à celle-ci, estomaquée. Si Chabrol est sociologue, il est aussi tragédien, Eschyle étant, comme Balzac, cité dans son œuvre.
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