Les championnats du monde masculin de handball 2025, dont plusieurs rencontres sont diffusées sur les antennes du groupe TF1, s’ouvrent ce mardi 14 janvier.
Après la sortie de route aux JO de Paris et avec la retraite de plusieurs joueurs clés, dont le légendaire Nikola Karabatic, les Bleus avancent masqués.
L’ancien « Barjot » Philippe Gardent commentera les rencontres, dont France-Autriche samedi sur TMC. Pour TF1info, il évoque ce nouveau chapitre et les ambitions tricolores.

On les a quittés hagards, sonnés par une défaite retentissante au bout de la prolongation contre l’Allemagne (34-35 a.p) et une élimination dès les quarts de finale de « leurs » Jeux Olympiques. Six mois après la mésaventure de Paris, l’équipe de France de handball remet le bleu de chauffe contre le Qatar (ce mardi) puis face au Koweït (jeudi) avant de terminer le tour préliminaire face à l’Autriche le 18 janvier à 17h50 sur TMC. 

Guillaume Gille, confirmé sur le banc après la déroute olympique, ne peut plus compter sur Nikola Karabatic, Valentin Porte et Vincent Gérard, qui ont tous refermé le livre de leur riche carrière internationale. TF1info a sollicité Philippe Gardent, ancien international tricolore (298 sélections) et entraîneur expérimenté pour discuter de ces « nouveaux » Bleus. Celui qui commente la dernière rencontre du tour préliminaire aux côtés de Grégoire Margotton, se penche sur le cas de cette nouvelle génération qui doit renouer avec l’excellence du hand tricolore. 

TF1info : Comment évacuer la déception des derniers Jeux olympiques, et cette piteuse élimination dès les quarts de finale ? 

La meilleure façon de zapper cette mésaventure, voire cette catastrophe, c’est d’enchaîner le plus rapidement possible sur une compétition. C’est donc idéal de replonger aussi rapidement. Les gars ont vraiment envie de faire autre chose, de rebondir très rapidement et d’effacer ce résultat. Ils sont assez revanchards par rapport à ce qui s’est passé l’été dernier. L’idée est de remettre très vite l’église au centre du village et de redevenir une nation conquérante. 

C’est un peu une tradition française de bien négocier ce genre de virages.

Philippe Gardent, à propos du passage de témoin entre les générations

Plusieurs cadres tricolores, et pas des moindres, ont pris leur retraite. Comment gérer la transition ?

Historiquement, l’équipe de France a toujours réussi ces passages de flambeau, ces changements assez progressifs de générations. C’est un peu une tradition française de bien négocier ce genre de virages. Quand on a des leaders qui quittent l’équipe pour diverses raisons, ça libère de la place. Plusieurs joueurs sont capables de prendre le lead. Il peut y avoir une répartition des rôles, on n’est pas obligés de compter sur un seul meneur.

Quels joueurs sont les plus à même de prendre le relai ? 

Ludovic Fabregas (28 ans, pivot) doit, pour moi, prendre une dimension encore plus importante dans ce groupe. Il inspire ses coéquipiers par l’exemple, par son professionnalisme, à l’image de ce que pouvait faire Nikola Karabatic. Nedim Remili (29 ans, demi-centre) est, lui, plutôt un aboyeur, il est plus extraverti. Je pense aussi à Luka Karabatic (36 ans, pivot), qui possède une solide expérience et un important vécu en Bleus. Si cette question est importante, elle n’est pas cruciale pour autant : Généralement, quand on est en équipe de France, on a envie de donner le maximum et de faire honneur à ce maillot. 

On a des joueurs vraiment talentueux

Philippe Gardent

Quelles ambitions peut nourrir cette équipe de France « new look » dans ces Mondiaux ? 

Paradoxalement, je pense qu’on a une équipe assez compétitive. Quand on regarde, poste par poste, on a toutes les raisons d’être positifs, on a des joueurs vraiment talentueux. En attaque, il y a eu beaucoup de changements depuis les JO, durant lesquels on s’est montrés extrêmement lents et brouillons. Il y a des joueurs plus jeunes, qui mettent beaucoup plus de rythme et ont davantage de vitesse de déplacement, notamment sur la base arrière. Pendant la préparation, on a vu un collectif beaucoup plus mobile et percutant. Pour moi, il n’y a pas photo par rapport au mois d’août dernier. Maintenant, les individualités ne suffiront pas ; il va falloir trouver le bon plan de jeu pour les canaliser et les optimiser : sur le plan défensif, il faut être un peu plus solide. Je n’ai pas complètement été convaincu par ce que j’ai vu pendant la préparation. Une grande partie de notre production de ce côté-là du terrain dépendra, in fine, de la performance de nos gardiens.  

Justement, c’est sans doute dans les buts qu’il y a le plus d’incertitudes après la retraite de Vincent Gérard. Qui voyez-vous endosser le rôle de titulaire ?

Samir Bellhacene part certainement avec une petite longueur d’avance, devant Cyril Dumoulin. Mais titulaire ou pas, on s’en fout. Il vaut mieux avoir deux N°1 performants. Il y a une grosse attente à ce poste-là. Avant, il y avait toujours un Omeyer ou un Gérard qui cachaient les autres. Là, personne ne cache qui que ce soit. Ils sont tous les trois capables de sortir un match incroyable. Mais maintenant, il faut qu’ils trouvent une forme de régularité, qu’ils réussissent à briller sur la durée. 

Comme vous l’avez dit, la retraite de certains cadres permet à des joueurs plus jeunes de se faire une place. Qui va se révéler durant ce tournoi ? 

Je pense qu’Aymeric Minne (demi-centre, 27 ans) peut vraiment devenir le catalyseur du groupe. Il a énormément progressé. J’ai toujours été sévère avec lui parce que je trouvais que c’était un joueur incroyable mais plutôt soliste. Il a réussi à gommer ce défaut. C’est devenu un joueur complet, capable de marquer des buts et d’en faire marquer. Il fait un début de saison absolument remarquable. Le voir marquer cette compétition de son empreinte ne serait qu’une demi-surprise. 

Aymeric Minne dans ses œuvres face au Danemark, en janvier 2022. – Attila KISBENEDEK / AFP

Toutefois, j’aimerais bien aussi que Thibaud Briet (25 ans, arrière-gauche) se révèle aux yeux du grand public. C’est un garçon qui a toutes les qualités pour exploser à ce niveau-là. Il a tout du joueur moderne, avec beaucoup de mobilité, de courses, de changements de secteurs. Ce n’est pas un arrière gauche stéréotype. Il est au contraire assez polyvalent, capable d’évoluer dans tout le champ d’attaque. Il possède une excellente frappe. Cerise sur le gâteau, c’est un joueur qui ne défend plutôt pas trop mal. Seul petit bémol, il lui manque encore un peu le jeu avec le pivot. Les adversaires vont forcément monter sur lui, pour l’empêcher de marquer trop facilement, ce qui va le forcer à faire la bonne lecture et à trouver des solutions.

Il est l’heure de se mouiller, que faut-il attendre de ces Bleus ? 

Je les attends en demi-finales, en sachant que l’heure de vérité sera le quart. Je pense que s’ils arrivent en demies, le contrat sera rempli. Et de là, il y a deux opportunités de médailles. Je pense que le dernier carré serait déjà vachement bien, parce qu’il y a eu pas mal de galères et de changements.

📺 France-Autriche samedi 18 janvier à 17h50 sur TMC. Les antennes du groupe TF1 diffuseront un match du tour principal qui se déroule du 14 janvier au 2 février 2025 en Norvège, au Danemark et en Croatie, puis, en cas de qualification, le quart de finale, la demi-finale et la finale.


Maxence GEVIN

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