• Les drones, moins puissants que les missiles, terrorisent pourtant les soldats sur le front.
  • Leur capacité à harceler continuellement les Ukrainiens a forcé ces derniers à enterrer systématiquement les infrastructures stratégiques.
  • C’est le cas d’un tout nouvel hôpital, dans la région de Kherson, où s’est rendue une équipe de TF1.

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Guerre en Ukraine : TF1 et LCI sur le terrain

Quelque part dans l’est de l’Ukraine, à 19 kilomètres du front, cet hôpital de campagne se cache six mètres sous terre. À l’intérieur flotte une odeur d’arbre tout juste abattu, la structure a ouvert il y a un mois. Avec trois salles d’opérations parfaitement équipées, le montant de l’investissement est de 400.000€ pour la structure de 300m² seulement.

« L’idée était de créer de meilleures conditions de soins pour nos soldats qui combattent au front », explique Oleksandr Myronenko, directeur d’exploitation de la société minière constructrice de l’hôpital, dans le reportage en tête de cet article. « On travaille maintenant sur un nouveau projet pour, j’espère, la fin de l’année », ajoute-t-il.

Des plaques en acier pour se protéger des drones

Cet hôpital est une cible pour les Russes, qui mènent la guerre à l’Ukraine depuis février 2022, et les quatre mois de construction n’ont pas échappé à la surveillance de leurs drones. Alors dans chaque pièce se trouvent des issues de secours et, dans le plafond, des plaques en acier pour se protéger des bombardements. Les soignants, eux, ont même accès à des données militaires. « On surveille les drones et les bombes pour prévenir les chauffeurs si c’est dangereux de venir ou pas », raconte Oleksii Osipa, chef par intérim de l’hôpital militaire.

Ici, les patients se succèdent. À 5h30 du matin, arrivent plusieurs Ukrainiens blessés après une attaque de drones. Branle-bas de combat, certains soignants sont encore en pyjama, pour sauver le bras d’un des soldats.

Les éclats d’explosifs ont remplacé les fragments d’acier

En parallèle, un autre combat se mène. Celui dans les têtes. Repenser à ce drone, à la mort, si proche. « Je crois que ça ne va pas très bien », avoue un Ukrainien avec émotion. Mais déjà, un nouveau soldat blessé arrive, un fragment de drone dans le torse. « Les drones nous pourchassaient, essayaient de nous rattraper », décrit-il, expliquant que cela arrive souvent.

Puis, dans la foulée, c’est une unité des forces spéciales avec six hommes aux corps perforés et aux esprits sonnés qui entrent dans cet hôpital souterrain. Une attaque de drones, encore, comme dans 8 cas sur 10 désormais. « Avant c’était des blessures causées par les mines, par les tirs d’artillerie, donc des fragments d’acier, de métaux, qu’on pouvait facilement retirer avec un aimant », explique un soignant. « Mais là, avec les drones, ce sont des éclats d’explosifs et de plastique ».

Les soignants, eux, doivent agir sans tergiverser pour vite libérer la place. Ils alternent des gardes de six jours sous terre sans jamais de répit. Artem était médecin anesthésiste en ville, loin de ces chairs à vif. « Je sers l’armée de la manière qui me convient. Je m’accroche à cette idée de soigner et de ne pas tuer », confie-t-il à la caméra.

Le cœur d’un autre soldat blessé, à cause d’un drone encore, cesse brièvement de battre. Moment suspendu au-dessus de la table d’opération, puis les médecins parviennent finalement à le sauver. « Ça s’est joué à 10-15 minutes près », explique un soignant, soulagé. « On se dit qu’on ne travaille pas pour rien, et puis qu’on contribue à la victoire », souligne-t-il. Le bloc opératoire est aussitôt nettoyé pour accueillir les prochains patients. Le rescapé, lui, retourne à la surface, sans sa jambe gauche, amputée.

Ambre BERTOCCHI | Reportage TF1: Florence DE JUVIGNY et Axel CHARLES MESSANCE

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