Des dizaines de milliers de poissons et des crustacés sont pêchés illégalement dans la Méditerranée, puis revendus au prix fort.
Les voleurs peuvent être des plaisanciers, des pêcheurs ou des mareyeurs.
Cette pratique illégale tenant du braconnage menace également la reproduction des poissons.
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Le 20H
À Marseille, tous les bateaux de pêche sont contrôlés par les gendarmes pour lutter contre le braconnage : des dizaines de milliers de tonnes de poissons sont pêchées illégalement dans la Méditerranée. Ainsi, pour retrouver les voleurs, chaque bateau est inspecté scrupuleusement. Les dorades, le thon rouge ou les oursins sont autant de produits marins très prisés par les braconniers, soumis à des quotas de pêche très réglementés. Sont inspectés la quantité pêchée, le type de poisson pêché, les tailles et s’ils respectent la réglementation en vigueur, précise dans le sujet de TF1 l’adjudant Jamel Mokhaissi, enquêteur pour la gendarmerie maritime. Certaines les embarcations respectent la loi, mais les autorités font parfois face à des réseaux très structurés.
Pourquoi des contrôles en mer ? Tous ces poissons ont beaucoup de valeur et ils se vendent parfois même en direct au restaurateur. Les gendarmes font aussi des contrôles à terre dans les restaurants. « Si, par exemple, on avait eu du loup ou de la dorade sans traçabilité, on fait écarter direct parce que potentiellement, ça peut provenir de la pêche illégale », explique l’un d’eux dans le sujet de TF1 à retrouver en tête de cet article.
Des restaurateurs sollicités par des braconniers
Les braconniers démarchent très souvent les restaurants pour écouler leurs marchandises. Le gérant de cet établissement le confirme, sous le sceau de l’anonymat, dans la vidéo ci-dessus : « On est sollicité très, très, très régulièrement. Des mecs qui nous appellent, qui passent… C’est un vrai trafic. Ce sont des gens qui pêchent sans agrément, qui se font de l’argent au black. » Des voyous au profil varié qui peuvent être plaisanciers, pêcheurs ou marieurs, mais pour les professionnels en règle, cette pratique illégale a des conséquences directes sur leur chiffre d’affaires, selon Damien Feraud, pêcheur d’oursin : « Tout le monde a son gars qui va lui faire les oursins, les dorades, le thon rouge… tous ces poissons bien valorisés qui vont être vendus sous le manteau à droite à gauche et qui ne nous permettent pas de faire de la vente directe. »
Rares sont les pêcheurs qui acceptent de témoigner. S’attaquer à la pêche illégale, c’est s’exposer à des représailles, souligne William Tillet, premier prud’homme de pêche du quartier maritime : « On met le moteur en route, il ne démarre pas, on regarde pourquoi, on s’aperçoit qu’il y a des trous dans la culasse par exemple. C’est des bidons d’essence où on a rajouté de l’eau de mer, c’est des filets brûlés à l’acide… Donc, on arrive à un moment où le pêcheur professionnel tourne la tête et regarde ailleurs ».
Pire, la pêche illégale menace directement la reproduction des poissons et c’est aussi le cas dans les zones protégées, comme le parc national des Calanques : « Quand le parc s’est créé, le mérou n’existait quasiment pas dans le parc national des Calanques (…) et donc tous ces efforts seraient mis à mal par une pêche trop importante », selon Didier Réault, président du parc national des calanques. L’enjeu est de taille, la fondation de la mer estime qu’un poisson commercialisé sur cinq serait issu de la pêche illégale.