Hiver 1986, à Beyrouth. Un homme émacié agonise dans une cellule sommaire de la banlieue sud où il est retenu en otage. Malade d’un cancer, il ne survivra pas à ses conditions de captivité. Il s’appelle Michel Seurat, il est sociologue et arabisant. Il a 38 ans. Ses ravisseurs se cachent sous l’appellation « Jihad islamique ». Il s’agit en fait d’un prête-nom du Hezbollah, une milice chiite libanaise pro-iranienne protégée par la Syrie, formée en 1982 et officiellement née en 1985.

Michel Seurat a été enlevé dans le cadre d’un chantage politico-financier entre la France et l’Iran. Mais ses geôliers sont particulièrement durs avec lui. Est-ce à la demande des dirigeants syriens, qui entretiennent des liens étroits avec le Hezbollah ? C’est fort possible, car ce jeune chercheur est celui qui a, le premier, compris la nature profonde du régime mis en place par Hafez Al-Assad (1930-2000) à partir de 1970. Il a inventé une formule qui fait mouche, dans un article pour la revue Esprit devenu le titre d’un recueil du même nom publié par la suite : Syrie. L’Etat de barbarie (PUF, 2012).

Ce n’est pas prendre le pouvoir qui est le plus compliqué dans la Syrie postindépendance, c’est le conserver. Pour cela, Hafez Al-Assad va mettre en place un pouvoir absolument redoutable et machiavélique, aussi brutal que sophistiqué. Mais, avant d’y parvenir, il a fallu qu’il affermisse son assise.

Il vous reste 88.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version