La Cour des comptes a publié ce jeudi son deuxième rapport dédié aux impacts du système de retraites sur la compétitivité et l’emploi.
La juridiction financière souligne par exemple l’importance d’augmenter encore le taux d’emploi des seniors.
Elle estime par ailleurs que l’indexation des pensions sur l’inflation n’est pas adaptée.
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La réforme des retraites : dossier chaud de l’exécutif
Elle donne de l’eau au moulin du patronnant. Mais alimente aussi celui des syndicats opposés à la réforme des retraites. Dans son deuxième rapport rendu au gouvernement ce jeudi 10 avril, la Cour des comptes épingle le système des retraites. L’institution financière relève le manque d’équité dans le système actuel, appelle à augmenter le taux d’emploi des seniors et s’en prend à l’indexation des pensions sur l’inflation.
Indexer la retraite sur les salaires
Après son premier état des lieux sur la situation financière du système de retraites, la Cour des comptes était appelée à plancher sur les épineuses questions d’emploi et de compétitivité. Or, d’une manière générale, l’institution souligne l’importance d’augmenter encore le taux d’emploi en France, qui reste inférieur à celui des pays voisins, en particulier chez les seniors. Un constat qui ne peut que satisfaire le patronat, toujours présent dans le « conclave » lancé par François Bayrou. (nouvelle fenêtre)
Mais, et c’est tout le paradoxe de ce rapport, la Cour des Comptes relève également que l’augmentation du taux d’emploi constaté ces dernières années avec le recul de l’âge de départ à la retraite (nouvelle fenêtre)s’est accompagné « d’inéquité ». « Pour les ouvriers, les personnes ayant des difficultés de santé et les femmes, le recul de l’âge de départ s’est traduit davantage par un allongement du temps passé ‘ni en emploi, ni en retraite’, c’est-à-dire au chômage, en invalidité ou en maladie », note la Cour.
Elle remarque par ailleurs que le dispositif de carrières longues (nouvelle fenêtre)a des effets « concentrés sur les personnes qui touchent une pension moyenne »les retraités les plus modestes ne représentant que 13% des bénéficiaires du dispositif. C’est pourquoi « l’équité à l’intérieur d’une même génération n’est pas garantie dans le système de retraite », a indiqué Pierre Moscovici en présentant le rapport à la presse, saluant l’une des propositions issues du conclave. À savoir l’idée « de piloter le système au regard de l’âge qui reste après la retraite », pour que cet âge soit semblable pour tous, a-t-il expliqué.
La Cour estime enfin que l’indexation des pensions sur l’inflation « n’apparaît pas le plus adapté pour assurer un équilibre durable du système des retraites ». À ses yeux, une « indexation sur les salaires favoriserait une meilleure équité intergénérationnelle ». L’Italie et l’Allemagne, par exemple, « revalorisent ainsi les pensions en fonction de l’évolution des salaires en appliquant un facteur de soutenabilité » pour « ajuster » les retraites à la « capacité des actifs à les financer », constate la Cour.
En réaction, Matignon a décrit ce rapport comme éclairant « sur la nécessité d’une augmentation du taux d’emploi des seniors », notant dans un communiqué que ces conclusions « appellent l’attention sur le poids actuel du financement du système de retraites sur la compétitivité de l’économie française ».