François Bayrou a été nommé vendredi Premier ministre par Emmanuel Macron.
Il succède à Michel Barnier, renversé par une motion de censure le 4 décembre dernier.
Quatre chefs du gouvernement se seront succédé en 2024, une première sous la Vᵉ République.

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Matignon ne cesse de changer de locataire. Plus d’une semaine après la motion de censure adoptée par l’Assemblée nationale et la démission de Michel Barnier, Emmanuel Macron a nommé, ce vendredi 13 décembre, un nouveau Premier ministre. Il s’agit du président du MoDem, François Bayrou , qui devient le quatrième chef du gouvernement en moins d’un an. Du jamais vu sous la Vᵉ République.

Élisabeth Borne, une démission contrainte

Car le 1ᵉʳ janvier dernier, c’est bien Élisabeth Borne qui dirigeait encore le gouvernement de la France. Nommée à Matignon au printemps 2022, après la réélection d’Emmanuel Macron , la deuxième femme Première ministre de la République, sera restée 20 mois à cette fonction, jusqu’à sa démission le 8 janvier dernier .

Celle qui fut de tous les gouvernements depuis 2017 a quitté son poste conformément à la « volonté » du chef de l’État « de nommer un nouveau Premier ministre », laissant entendre qu’elle aurait souhaité continuer. Son passage a été marqué par l’adoption de la réforme impopulaire des retraites et de la loi controversée sur l’immigration.

Gabriel Attal, le pari perdant

Vingt mois en tant que chef du gouvernement, ses deux successeurs en auraient sans doute rêvé. Le 9 janvier, Emmanuel Macron nomme Gabriel Attal, qui devient alors le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la République. Un moyen pour le chef de l’État de relancer son quinquennat, à six mois des élections européennes, en surfant sur la popularité de son ex-ministre de l’Éducation nationale, qui a grappillé des points dans l’opinion depuis sa décision d’interdire l’abaya dans les établissements scolaires.

Le pari du président de la République ne sera pas gagné. À la peine dans les sondages, le parti présidentiel perd finalement les élections européennes du 9 juin : la liste du Rassemblement national termine largement en tête (31,37%), loin devant celle des « macronistes » (14,6%), elle-même talonnée par Raphaël Glucksmann et les socialistes (13,83%). Le soir-même, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale . En tant que chef du gouvernement, Gabriel Attal entre en campagne pour sauver sa place et rester à Matignon.

Trois semaines plus tard, le retour des Français aux urnes confirmera la tendance. La coalition présidentielle obtient 166 députés et perd sa majorité relative, derrière le Nouveau Front populaire (193 sièges) et devant le Rassemblement national et ses alliés (142 sièges). Le 8 juillet, Gabriel Attal présente sa démission à Emmanuel Macron, qui l’accepte huit jours plus tard, tout en lui demandant de gérer les affaires courantes jusqu’à nouvel ordre .

Michel Barnier, le passage éclair

La nomination de son successeur n’interviendra que 51 jours plus tard, faisant du désormais patron de Renaissance le Premier ministre démissionnaire à avoir assuré le plus longtemps les affaires courantes. Pour élargir son socle à la droite, Emmanuel Macron nomme Michel Barnier à Matignon, qui devient à 73 ans le plus vieux Premier ministre de la Vᵉ République . Les Républicains, dans l’opposition depuis 2017, se déclarent alors dans la majorité avec le camp présidentiel.

La configuration de l’Assemblée nationale, où la coalition LR-bloc central se retrouve en majorité plus que relative, place toutefois Michel Barnier et son gouvernement sous le coup d’une motion de censure votée conjointement par la gauche et le RN. C’est ce qu’il se passera trois mois plus tard. Malgré des concessions de dernière minute à Marine Le Pen , l’ex-négociateur du Brexit est contraint de déclencher le 49.3 pour adopter le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025.

La motion de censure est finalement votée par 331 députés : le gouvernement tombe le 4 décembre, une première depuis 1962 . Le lendemain, Michel Barnier présente sa démission à Emmanuel Macron et devient le Premier ministre le plus éphémère de la Vᵉ République (90 jours).

François Bayrou, brièveté ou stabilité ?

Ce vendredi, le président de la République a donc nommé son quatrième Premier ministre de l’année (et même son sixième depuis son accession à l’Élysée en 2017), en la personne de François Bayrou, son allié du Modem depuis 2017. Un fait inédit, puisque jamais plus de deux personnalités différentes ne s’étaient succédé à Matignon en une année civile sous la Vᵉ République. À noter également que seul François Mitterrand a connu plus de chefs de gouvernement différents (sept en 14 ans) depuis 1958.


Idèr NABILI

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