En Guyane, les gendarmes s’inquiètent aussi pour les poissons, notamment l’acoupa rouge.
Celui-ci derniers sont victimes de surpêche, non pas pour leur chair, mais pour leur « vessie natatoire ».
Il s’agit d’une poche que les poissons utilisent pour flotter et se déplacer.
En Asie, c’est un produit de luxe qui se revend jusqu’à 2000 euros le kilo.

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Quelque part au large de la Guyane, la Marine nationale est en intervention. Les hommes lancent un assaut musclé contre un bateau soupçonné d’être impliqué dans un trafic international, comme on le voit dans la vidéo du 13H ci-dessus. Les occupants de l’embarcation défendent avec ardeur leur précieuse marchandise. Mais celle-ci n’a rien à voir avec de la drogue ou de l’or, comme on pourrait s’y attendre. Le produit recherché, c’est un organe de poisson appelé vessie natatoire. Il s’agit d’une poche que les poissons utilisent pour flotter et se déplacer.

Blanche, flasque, légèrement transparente, elle n’a l’air de rien, mais les pêcheurs comme José Achille ont appris à en prendre grand soin. « Il y a quelques années, c’était un déchet, c’était rejeté à la mer », raconte-t-il au micro de TF1. « Maintenant, tout le monde sait la valeur que ça a. Et donc, les personnes le ramènent et il est vendu », explique-t-il. 

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Depuis une dizaine d’années, ces vessies se vendent en effet à prix d’or, car des consommateurs chinois en raffolent. Séchée, puis réduite en poudre, la vessie est mélangée à des soupes, de la bière ou des cosmétiques. Elle aurait des vertus médicinales, voire aphrodisiaques. Résultat, il faut débourser 2.000 euros sur le marché de Hong Kong pour en obtenir un seul kilo. La vessie la plus prisée, c’est celle d’un gros poisson argenté aux nageoires rouges, l’acoupa rouge. 

Les pêcheurs de Cayenne les vendent entre 300 et 400 euros le kilo. Une manne financière pour eux, mais la concurrence de la pêche illégale les inquiète. « Il y a au moins six fois plus de production illégale aujourd’hui que la pêche légale », estime Léonard Raghnauth, président du comité régional des pêches de Guyane.

L’acoupa rouge menacé

Retour en mer, cette fois-ci avec les douaniers. Tous les jours, des bateaux viennent pêcher illégalement dans les eaux territoriales françaises. Ils sont originaires du Suriname, du Brésil ou du Guyana, comme la petite embarcation qu’ils ont repérée. Les contrôles à bord ne permettront pas de trouver de vessie natatoire à bord. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils n’en n’ont pas pêché, selon le chef d’unité. « On s’est aperçu que certains navires n’avaient plus de vessie natatoire à bord. Le premier navire qui a rempli ses cales repart au Suriname, au Guyana, avec les vessies des autres navires, même s’il y a peu de vessies. Vu la valeur marchande, ils prennent la totalité de peur de se le faire saisir pendant les contrôles« , décrit Jean-Louis Nicolosi. 

Cette pêche illégale a des conséquences désastreuses sur les ressources halieutiques de la Guyane. L’acoupa rouge, autrefois très présent dans ses eaux, disparaît peu à peu. Les autorités locales appellent à une prise de conscience. « Pour avoir un kilo de vessie natatoire, il faut des centaines de kilos de poissons, qui sont en général jetés à la mer, parce que la valeur de la vessie est très supérieure à celle du poisson », résume le capitaine de vaisseau Pierre Jubelin. Mais les enjeux écologiques ne pèsent guère face à un trafic juteux, dont le chiffre d’affaires est estimé à 365 millions d’euros par an.

La rédaction de TF1info | Reportage : Sophie DE VAISSIERE, Julie JEUNEMAÎTRE

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