Le niveau de risque lié à la grippe aviaire sur le territoire métropolitain français a été relevé samedi de « modéré » à « élevé ».
Il s’agit du plus haut échelon qui entraîne notamment le confinement obligatoire des canards et volailles.
Or, cette claustration est pointée du doigt par certains éleveurs à cause de ses conséquences néfastes sur la qualité du produit.

C’est l’échelon le plus haut. Le ministère de l’Agriculture a relevé le risque lié à la grippe aviaire au niveau « élevé », selon un arrêté paru au Journal officiel vendredi, et entré en vigueur « le lendemain de sa publication », à savoir ce samedi 9 novembre. Objectif :  renforcer les mesures de surveillance et de prévention en raison d’une dynamique forte et persistante de l’infection dans les couloirs de migration. En cas de risque « élevé », les volailles sont pour rappel notamment « mises à l’abri et leur alimentation et leur abreuvement sont protégés » dans les élevages de plus de 50 oiseaux. Les volailles et oiseaux sont « claustrés ou protégés par des filets » dans les plus petits.

Or, les syndicats agricoles minoritaires Confédération paysanne et Modef jugent cette obligation « incompréhensible », dans un communiqué commun. « Les mêmes règles s’appliquent chaque hiver depuis plusieurs années, sans avoir prouvé leur efficacité », écrivent notamment ces derniers. Outre ces doutes relatifs à l’efficacité de la mesure, l’impact du confinement sur la qualité du produit pose question. 

« Le canard de confinement, c’est un autre canard »

« Un canard élévé en plein air, c’est un canard de tradition qui ne respire pas le même air que le canard de confinement, c’est un autre canard », insiste Lionel Candelon, éleveur dans le Gers et président de La Coordination Rurale 32. Il évoque notamment le cas de « certains bâtiments mal aérés, avec de possibles charges d’ammoniaque qui peuvent causer des problèmes respiratoires ». Et de rappeler : « Le confinement va l’encontre du cahier des charges IGP », (ndlr :  de l’indication géographique protégée).

« Dehors, le canard fait ce qu’on appelle ‘le gésier’, c’est-à-dire qu’il mange des cailloux, de la boue, ce qui lui permet d’avoir une meilleure alimentation et un meilleur transit qu’on n’a pas en confinement », détaille celui qui a annoncé qu’il n’enfermerait pas les 9000 canards qu’il compte sur son exploitation.« Ce sont des animaux très gros, trop âgés, qui ont toujours vécu en plein air, ils ne peuvent pas comprendre, ils vont devenir fous comme pendant le Covid », poursuit-il estimant que cela peut même s’avérer dangereux. « Ils vont se cogner, se faire mal, avoir des hématomes, s’abimer », explique encore l’éleveur, rappelant par ailleurs qu’un canard confiné, aura également tendance à « moins bouger » ce qui induit qu’« on y perd en qualité de viande ».

« L’ambiance dans les bâtiments n’est pas la même qu’en plein air, avec plus de chaleur, d’humidité, moins de confort pour les animaux et donc plus de risque de maladies », abonde, Amandine Adam, animatrice au sein de l’association des producteurs de canards du Périgord. « Comme les animaux enfermés restent beaucoup couchés, leur litière devient vite humide même en paillant une à deux fois par jour, ils se brulent un peu la plume, ce qui entraine un déclassement de la viande à l’abattoir et une qualité moindre au niveau du produit à vendre », poursuit-elle, évoquant par ailleurs des animaux « plus nerveux », qui nécessitent « plus de surveillance et de soins ».

Selon Lionel Candelon, pour que le confinement soit gérable et n’impacte pas le confort des animaux comme la qualité du produit, il convient de respecter « une densité très faible », à savoir « moins de trois canards au m² en bâtiment ». Mais, poursuit-il d’emblée, « le souci, c’est qu’économiquement, c’est la mort de l’élevage, ce qui contraint à monter à 4, 5, 6 canards au m² ». Pour conclure, l’éleveur estime que pour éviter le confinement, l’État devrait lancer un plan de vaccination massif et prendre en charge la troisième dose du vaccin nécessaire pour assurer l’immunité des animaux. « La grippe aviaire ne va pas disparaitre, elle sera tout le temps là, ça fait des années qu’on y est confrontés et on a aucune solution pour endiguer la maladie », insiste-t-il 


Audrey LE GUELLEC

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