Entré en politique en 2015, Keir Starmer s’est rapidement hissé à la tête du parti travailliste britannique.
Son parti est donné gagnant des élections législatives qui se dérouleront ce 4 juillet.
Celui qui entend incarner le retour du « sérieux » pourrait alors devenir le futur Premier ministre britannique.

Rares sont ceux qui voyaient en lui un futur Premier ministre du Royaume-Uni il y a encore quelques années. Et pourtant, Keir Starmer est bien parti pour entrer à Downing Street à l’issue des élections législatives de ce jeudi 4 juillet. Le Labour, parti travailliste dont il a pris la tête, est donné gagnant du scrutin par les derniers sondages après une campagne sans éclat face à des conservateurs au pouvoir depuis 14 ans.

Âgé de 61 ans, Keir Starmer est un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits humains et directeur du parquet général. Il a pris la casquette de chef des travaillistes britanniques au début de l’année 2020 à la suite de Jeremy Corbyn après une déroute électorale historique du parti fin 2019. Austère, peu charismatique, trop centriste pour une partie de la base militante, souvent assimilé à une élite londonienne pro-européenne déconnectée des classes populaires qui avaient voté en faveur du Brexit… À ce moment-là, les raisons d’être sceptique à son égard ne manquaient pas.

« Candidat pour être Premier ministre, pas directeur d’un cirque »

Celui qui entend incarner le retour du « sérieux » au Royaume-Uni a finalement méthodiquement redressé et recentré son parti, sans état d’âme pour ceux qui refusaient de rentrer dans le rang, au risque de « ressembler à un robot politique », selon les mots employés par un membre du public lors d’un débat récent. 

Pour faire campagne, Keir Starmer a sillonné le pays à la rencontre des électeurs et insisté auprès d’eux sur ses origines modestes. « Mon père était ouvrier et ma mère infirmière », rappelle-t-il systématiquement. « Je sais ce que c’est que d’être gêné de ramener ses amis à la maison parce que la moquette est élimée et les fenêtres fissurées« , ajoute le chef du Labour lors de la présentation du programme officiel travailliste. Sur le fond, pas question pour ce supporter du club de foot londonien d’Arsenal de dévier d’une politique centriste très prudente, sans promesse spectaculaire. « Je suis candidat pour être Premier ministre, pas directeur d’un cirque », rappelle Keir Starmer, qui martèle son mantra : « Le pays d’abord, le parti ensuite ».

« Très minutieux, très travailleur »

Keir Starmer est né le 2 septembre 1962 et a grandi dans une petite maison de Londres avec un frère et deux sœurs, un père distant et une mère atteinte d’une maladie articulaire rare qui l’a empêchée de marcher pendant des années. Il a pris des cours de violon avec Norman Cook, ancien bassiste des Housemartins devenu célèbre sous le nom de Fatboy Slim.

Après des études de droit à Leeds puis Oxford, Keir Starmer a défendu des syndicats, bataillé contre McDonald’s et combattu la peine de mort dans les Caraïbes. Il est décrit par l’avocat Gavin Millar, qui a travaillé avec lui et est l’un de ses amis, comme « très minutieux, très travailleur, très concentré sur les dossiers ». Des qualités qu’il pourrait selon lui emmener jusqu’à Downing Street. « Il sera aussi très attaché à certaines valeurs fondamentales auxquelles il a toujours cru : l’égalité, les droits humains, la justice sociale, la réduction de l’écart entre les riches et les pauvres », assure-t-il à l’AFP.

C’est en 2003 que Keir Starmer a commencé à s’orienter vers des postes plus établis. Il a participé à la reconstruction des services de police en Irlande du Nord après la période de guerre civile. En 2008, il a pris la tête du parquet d’Angleterre et du Pays de Galles, où il a supervisé des poursuites contre des députés abusant de leurs frais de mandat, des journalistes accusés de piratages téléphoniques ou des jeunes lors des émeutes de 2011 en Angleterre. Keir Starmer a été anobli en 2014 par la reine Elizabeth II, même s’il utilise rarement le titre « Sir ». 

Il est finalement entré en politique sur le tard, avec une première élection de député travailliste en 2015 dans une circonscription du nord de Londres, deux semaines après la mort de sa mère. Et malgré ses critiques contre Jeremy Corbyn, Keir Starmer devient le porte-parole des travaillistes sur le Brexit, contre lequel il a voté, avant de prendre en avril 2020 la tête du parti. Il s’est aussitôt attaqué à l’antisémitisme, ce qui a conduit à la suspension de son prédécesseur, accusé d’inaction face aux plaintes pour antisémitisme visant des militants et élus travaillistes.

Malgré l’ampleur de la tâche qui l’attend s’il devient Premier ministre, Keir Starmer se dit surtout inquiet de l’impact que cela aura sur ses enfants et sa femme. Il a d’ailleurs déjà promis de réserver ses vendredis soirs à sa famille, les conservateurs s’empressant de railler un futur Premier ministre « à temps partiel ».


E.R. avec AFP

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