La candidature de Calin Georgescu, favori dans les sondages, a été rejetée ce dimanche par la Commission électorale du pays.
Même si la décision n’est pas finale, elle a déclenché la colère de ses soutiens, qui ont protesté devant le Parlement roumain.
Après l’annulation de la présidentielle l’an passé, suite à des soupçons d’ingérence russe, un nouveau scrutin est prévu en mai.
Les bouleversements politiques continuent de s’enchaîner en Roumanie. Après la spectaculaire annulation de la présidentielle (nouvelle fenêtre) l’an dernier, le candidat d’extrême droite Calin Georgescu a vu sa candidature rejetée dimanche par la Commission électorale, une décision qui a suscité l’indignation de ses partisans, même si elle n’est pas définitive.
Dans un communiqué laconique, le bureau électoral a annoncé cette invalidation sans donner pour l’heure d’explications. Le sexagénaire, qui fait figure de favori dans les sondages avec quelque 40% des intentions de voix (nouvelle fenêtre), peut encore déposer un appel devant la Cour constitutionnelle. Il a dénoncé sur X « un coup direct porté à la démocratie dans le monde ». « L’Europe est maintenant une dictature, la Roumanie vit sous la tyrannie ! », a-t-il lancé.
Plusieurs centaines de ses partisans se sont rassemblés dans la soirée à Bucarest devant le bâtiment du Parlement abritant les locaux de la Commission électorale, criant « À bas la dictature », comme l’a montré notamment la chaîne roumaine Realitatea Plus. Les gendarmes ont dû disperser la foule à coup de gaz lacrymogène, l’un d’entre eux ayant été blessé par le jet d’un objet contondant.
Protest Bucuresti 09.03.2025 BEC pic.twitter.com/513LiB09Nn — Videoclip.ro (@videoclip_ro) March 9, 2025
« À la suite d’une décision du bureau électoral, des manifestants ont forcé le cordon pour tenter d’entrer dans le bâtiment », ont expliqué les forces de l’ordre, en précisant ensuite que la situation était « sous contrôle ».
Le report du scrutin, un « coup d’État » selon les partisans du candidat
La Roumanie a basculé dans la tourmente depuis le premier tour de l’élection présidentielle, tenu le 24 novembre 2024, qui a fait émerger sur la scène politique Calin Georgescu, jusqu’alors quasi inconnu. Très critique de l’UE et de l’Otan, cet ancien haut fonctionnaire est opposé à l’envoi d’aide à l’Ukraine (nouvelle fenêtre) et prône avant tout la recherche de la « paix », un positionnement habituel parmi les tenants de la rhétorique russe.
Fait rare dans l’Union européenne, la Cour constitutionnelle a annulé ce scrutin sur fond de suspicions d’ingérence russe (nouvelle fenêtre) et de nouvelles élections sont prévues en mai, dans un climat très tendu. Des dizaines de milliers de sympathisants de Calin Georgescu sont descendus ces dernières semaines dans les rues pour dénoncer un « coup d’État » dicté par Bruxelles, tandis que les autorités roumaines ont mis en garde contre « une série d’actions hybrides » de Moscou.
Soupçonné d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite sur la plateforme TikTok (nouvelle fenêtre), le candidat d’extrême droite a par ailleurs été inculpé la semaine dernière pour de multiples chefs, notamment « fausses déclarations » de financement de campagne et « incitation à troubler l’ordre constitutionnel ».
Son ascension surprise a suscité l’inquiétude au sein des alliés européens de la Roumanie, devenue un pilier essentiel de l’alliance atlantique depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais Calin Georgescu peut désormais compter sur le soutien d’une partie de la nouvelle administration américaine (nouvelle fenêtre).
« C’est de la folie ! », a réagi dimanche Elon Musk, proche conseiller du président Donald Trump, à l’annonce de la décision de la Commission électorale, après déjà plusieurs commentaires similaires ces dernières semaines. Le vice-président américain JD Vance a lui aussi fustigé des autorités roumaines « annulant des élections dont elles n’aiment pas les résultats ». « Elles ont si peur de leur peuple qu’elles le font taire », a-t-il affirmé.